vendredi 18 mars 2022

Le narratif poutinien, 3

Les poutinologues se demandent ce qui se passe dans la tête de Poutine. C’est assez simple. Imaginer le pire est pécher par optimisme.
« On ira les buter jusque dans les chiottes. »
Vladimir Poutine, 1999


L’opinion publique chez les Faibles s’est retournée d’un coup, après deux attentats. Le premier a eu lieu sur un marché. Juste avant de se faire sauter, le kamikaze enveloppé dans un grand drapeau bleu et jaune avait posté une protestation contre l’Occident trop molle devant l’agresseur russe. Pour réveiller les consciences, disait-il, et pousser à l’action contre l’envahisseur, il se sacrifiait à la cause ukrainienne. C’était presque vraisemblable. Les cinquante morts autour de lui, sur le marché, ont tout de suite changé le regard sur les vrais réfugiés ukrainiens. La famille du kamikaze a reçu plusieurs dizaines de milliers de roubles en dédommagement.

Le second s’est fait sauter dans un théâtre de l’Ouest où l’on donnait un concert en soutien au peuple ukrainien (ah, la culture comme arme de résistance). Là aussi, une cinquantenaire de morts. Et une revendication inverse : le kamikaze était un mercenaire de Wagner infiltré qui avait choisi un concert pour tuer le plus possible de nazis.

Après les deux fois cinquante morts, des innocents venus faire leurs courses ou écouter de la musique, les généreux Occidentaux ont regardé la moitié des Ukrainiens réfugiés comme des exaltés ingrats, et l’autre moitié comme des saboteurs déguisés.

Et c’est à partir de ce moment-là qu’ils ont commencé à les repousser vers l’Est, dans leur pays qui n’existe plus.

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