Dans
l’émission « Envoyé spécial » diffusée sur France 2 le jeudi 20 juin
2024, une dame blanche s’adresse à sa voisine noire : « On fait ce qu’on veut, on est chez
nous. Va à la niche ! »
Comme la dame blanche est une sympathisante
déclarée du Rassemblement national, sa présidente, Madame Le Pen, a
visionné la séquence. Elle a bien réfléchi, et, en tant qu’ancienne avocate
écoutant les deux parties, elle a rendu l’avis suivant, au nom du droit : « La
question est de savoir si “va dans ta niche” n’est pas une expression populaire
de gens qui se détestent. Est-ce que c’est raciste ? Moi-même, je peux le
dire à l’égard de mes amis ! C’est vous qui tirez la conclusion que c’est
raciste du fait de la couleur de peau de la victime. Ça, c’est scandaleux. »
Les deux parties sont donc renvoyées dos-à-dos puisque la détestation est
partagée. Comme Madame Le Pen pourrait utiliser cette expression avec des
amis et qu’il est entendu qu’elle n’est pas raciste, le propos ne saurait être
taxé de raciste. Le racisme est donc affaire d’interprétation, et c’est celui
qui le dit qui l’est.
L’argumentation de Madame Le Pen mérite d’être
éclaircie.
« Va à la niche » s’adresse à un chien.
Or il n’est pas précisé la race du chien. Madame Le Pen possède elle-même des
chats, de différentes races. Le propos, s’appliquant aux chiens, ne saurait
être raciste.
La dame blanche a traité la dame noire de « bonobo ».
Or les bonobos sont des singes très sociables qui pratiquent le « sexe
convivial » pour résoudre les conflits. On ne peut donc pas considérer que
l’appellation de « bonobo » est une insulte raciste.
Les cris de singe ne peuvent pas non plus être considérés comme
des manifestations racistes, puisque l’homme descend du singe. Imiter son cri
revient à rappeler notre origine commune, à l’homme blanc comme à l’homme noir,
quoique le noir, par la couleur de sa peau, la forme écrasée de son nez, son
système pileux désordonné, est plus proche de cet ancêtre que l’homme à peau
blanche, au nez droit et aux cheveux bien coiffés.
Autre accusation infondée de racisme. Quand le député du RN
Grégoire de Fournas dit à l’Assemblée nationale le 3 novembre 2022 : « Qu’il
retourne en Afrique », il conseille à son collègue de prendre un billet à
l’agence de voyage la plus proche pour se rendre dans une région touristique
prisée des Français.