dimanche 29 mai 2022

Le narratif poutinien, 55. Géo-politique

Aujourd’hui Lyman, Popasna, Sievierodonetsk, hier Marioupoul : les Occidentaux incultes en géographie apprennent les noms des villes ukrainiennes au fur et à mesure qu’elles sont rayées de la carte.

L’existence des pays non-russes est une menace existentielle pour la Grande Russie. À partir de ce constat de bon sens, l’alternative est simple : russification totale ou destruction totale.

La Grande Russie sera vraiment grande quand elle aura fait reculer ses frontières jusqu’à ce qu’elle n’ait plus aucun pays frontalier.

Pour les examens de fin d’année scolaire, les petits Lkrainiens sont dispensés des épreuves d’histoire et de géographie : ces matières changent tous les jours.

Le tsar Vladimir premier supervisera personnellement cet été les manuels d’histoire et de géographie qui seront distribués aux écoliers ukrainiens à la rentrée.

vendredi 27 mai 2022

Le narratif poutinien, 54. Le Festival d’Odessa

En mai 2023, le Festival de Cannes aura lieu à Odessa, la perle de la mer Noire.

Les oligarques, injustement privés de Côte d’Azur par une nation hostile, pourront ainsi retrouver le chemin des salles obscures, en se promenant sur la nouvelle Croisette.

L’escalier du Cuirassé Potemkine sera revêtu d’un tapis rouge, et cette fois, le rouge signifiera quelque chose. À la place du landau, on verra un vrai char ukrainien dévaler les marches, et se crasher lamentablement à l’arrivée, avec ses vrais occupants.

Hors compétition, sera projeté un documentaire sur l’Ukraine entièrement libérée vue d’un drone : un long travelling abstrait sans maisons ni habitants, un film expérimental à couper le souffle.

Dans la sélection « Un certain regard », on pourra visionner les films intimes, classés Z, tournés par les soldats russes sur le terrain. Du cinéma-réalité.

En attendant, le tsar Vladimir premier s’est fait projeter sur grand écran l’immortel Andréï Roublev, beau film qui exalte l’âme et le génie russes.



mardi 24 mai 2022

Le narratif poutinien, 53. Marioupol-plage

Les médias occidentaux, mal informés et surtout mal intentionnés, ont dit que le tsar Vladimir premier avait pour objectif de prendre Marioupol avant le 9 mai 2022, le jour de la Victoire. Non : il était prévu dès le début que le port de Marioupol devait être libéré avant les vacances d’été, et le délai est respecté.

Il reste un mois pour raser les ruines, débarrasser les carcasses de voitures, et étendre du sable blond sur les fosses communes. Les débris organiques nourriront les palmiers par la racine.

On construira des camps de vacances en installant des mobil homes de luxe pour les Oligarques qui reviendront au soleil de la mer d’Azov. On ouvrira des parcs de loisirs à thèmes, avec la reconstitution d’une cave à rats où seront exhibés pour les enfants de vrais terroristes du régiment d’Azovstal, en cage, la peau recouverte de tous les modèles de tatouages nazies.

Et le tsar Vladimir premier fera une entrée triomphale pour inaugurer la station balnéaire libérée, en traînant derrière son char la dépouille du clown de Kiev.


Une plage de Marioupol, au printemps 2014. (GENYA SAVILOV/AFP)

dimanche 22 mai 2022

Le narratif poutinien, 52. Les mains sales

C’était donc ça, les héros de la résistance, les invincibles soldats terrés dans les caves de l’usine Azovstal de Marioupol : les gradés de l’armée russe les ont alignés en file indienne pour que le monde entier les voit bien passer devant les caméras un par un comme à une parade de vaincus, boiteux, piteux, défaits.

Devant la caméra qui zoomait en gros plan, un soldat dénudait son bras pour montrer ses tatouages, et le journaliste expliquait qu’ils avaient une signification nazie. Deux mains sales pendaient au bout des bras.

Les téléspectateurs russes ont pu voir que les soldats de leur armée traitaient les soldats ukrainiens avec humanité, avant qu’ils montent dans des cars, et disparaissent.

Les femmes soldats qui se trouvaient dans les caves ne faisaient pas partie du défilé. Elles sont passées directement dans les locaux des gradés.

Le tsar Vladimir premier se repasse les images des soldats du régiment Azov, en boucle.

samedi 21 mai 2022

Le narratif poutinien, 51. Mal poli

Lors de la bataille de Fontenoy, le 11 mai 1745, les Français ont dit à l’ennemi : « Messieurs les Anglais, tirez les premiers ! »

Sur la morne plaine de Waterloo, le 18 juin 1815, Cambronne a répondu au général britannique qui le sommait de se rendre : « Merde ! »

Faits comme des rats sur l’île des Serpents, le 24 février 2022, les terroristes ukrainiens ont répondu aux soldats qui généreusement leur laissaient la vie sauve : « Navire de guerre russe, va te faire foutre ! »

Le tsar Vladimir premier, à qui l’on rapportait ces faits militaires, a déploré tout haut la perte de la politesse.

jeudi 19 mai 2022

Le narratif poutinien, 50. Dire et faire

Les seuls dirigeants à pouvoir faire ce qu’ils disent après avoir dit ce qu’ils allaient faire, ce sont les hommes forts, comme le tsar Vladimir premier.

Regardez les hommes faibles des régimes démocratiques qui promettent pour être élus et ensuite ne tiennent pas parole. Alors, ils croient que les hommes forts leur ressemblent, et qu’ils parlent en l’air.

Mais les hommes forts disent et font, ils passent à l’acte pour montrer ce que parler veut dire.

Ainsi, le tsar Vladimir avait bien dit que l’Ukraine n’existait pas, et il l’a montré.

Il a dit aussi : « Que nous importe le monde si la Russie n’y existe plus ? », et il montrera que le monde n’a aucune importance.

Les faibles démocraties doivent toujours prendre au sérieux les hommes forts comme le tsar Vladimir.

mardi 17 mai 2022

Le narratif poutinien, 49. Le grand remplacement

Le tsar Vladimir premier s’est fait lire l’ouvrage de Renaud Camus, Le Grand remplacement, paru en 2011.

Il a compris que, d’après l’auteur, on peut changer de peuple. Le peuple français de souche a peur d’être remplacé par les migrants venus du Sud. Ils vont prendre les terres, les maisons, les emplois, la civilisation, la culture, la langue, le pain et peut-être les femmes blanches.

C’est une bonne idée, finalement : remplacer un peuple par un autre.

Le tsar Vladimir a demandé à son ministre de la Culture de faire traduire immédiatement le livre en russe et en ukrainien, en modifiant quelques mots : on traduira « les musulmans » par « les Russes », et les « Français de souche » par « les Ukrainiens », et là où on sent l’angoisse d’être absorbé, on mettra au contraire l’attente du libérateur, la joie de changer de vie.

Ainsi les Ukrainiens n’auront qu’un rêve : disparaître dans le grand remplacement grâce aux Russes, venus s’installer dans un pays qui déménage.

lundi 16 mai 2022

Le narratif poutinien, 48. Eurovision

Le tsar Vladimir premier s’est penché sur des cartes d’état-major, le samedi 14 mai au soir. Il n’a pas regardé l’Eurovision.

On lui a rapporté que, cette année, le concours de la chanson est devenu un spectacle décadent, qui a vu le triomphe annoncé d’un groupe de dégénérés, composé de tatoués et d’un chanteur à bonnet rose, qui annonce la couleur.

Les organisateurs avaient exclu la Russie de la compétition, de peur que les Chœurs de l’Armée rouge n’écrasent les concurrents.

Le tsar Vladimir a fait savoir que ses chanteurs préférés restaient Mireille Mathieu, la petite fiancée des Français et l’ambassadrice de la langue russe, quand elle entonne « Les nuits de Moscou », et Gérard Depardieu, quand il reprend Göttingen de Barbara : « Ô faites que jamais ne revienne / Le temps du sang et de la haine. »



samedi 14 mai 2022

Le narratif poutinien, 47. Hourra Lula

Le tsar Vladimir premier peut compter sur le soutien de Luiz Inácio Lula da Silva, Lula pour faire court, ancien président du Brésil, et peut-être futur président du même Brésil, après Jair Bolsonaro, qui ne cache pas non plus son admiration pour les hommes forts, depuis l’extrême-droite, alors que Lula parle au nom de la gauche revendiquant l’héritage soviétique. Bolsonaro ou Lula, Lula ou Bolsonaro, quel que soit le résultat des élections, le tsar Vladimir sera justement célébré au Brésil.

Lula a déclaré dans un entretien au Times, le 4 mai : « Je vois le président ukrainien parler à la télévision, être applaudi, avoir droit à une standing ovation de tous les parlementaires [européens]. Ce type est aussi responsable que Poutine de la guerre. Parce qu’en cas de guerre, il n’y a pas qu’un coupable. »

Il a raison, pour faire la guerre, il faut être deux. C’est comme le violeur et la violée, le bourreau et la victime, l’homme qui tue la femme et la femme qui est tuée, il faut être deux, il y a deux coupables.

Lula a eu des mots très justes pour remettre le bouffon à sa place : « Vous êtes en train d’encourager ce type et après, il se prend pour la cerise sur le gâteau. On devrait lui parler sérieusement : d’accord t’es un bon artiste, t’es un bon comédien, mais on ne va pas faire une guerre pour que pour que tu passes à la télé. » Ça sonne comme une réplique de théâtre, pour rappeler la différence entre la comédie et la tragédie.

Quand il sera président, Lula organisera une conférence de paix. Il fera assoir les deux ennemis à la même table, il leur servira un verre de vodka, et voilà : « Zelensky voulait la guerre. S’il n’en avait pas voulu, il aurait négocié un peu plus. […] Et nous devrions dire à Poutine. “Tu as plein d’armes, mais tu n’as pas besoin de les utiliser contre l’Ukraine. Allons discuter !” »

Lula sait parler directement aux hommes, virilement, en les tutoyant. Il donne au monde entier une leçon de diplomatie. Non seulement il propose une solution concrète pour mettre fin au conflit, mais avec lui, il n’aurait même pas eu lieu. Le prochain prix Nobel de la paix couronnera les efforts diplomatiques de Lula. Hourra Lula !

vendredi 13 mai 2022

Le narratif poutinien, 46. Le vrai du faux

Le tsar Vladimir premier, outre qu’il est un génie militaire, a pris la stature de grand philosophe de la modernité : il inaugure un nouveau régime du Sens. Il est venu pour remettre la Vérité sur ses pieds et la Réalité à l’endroit. C’est le grand stratège et le phare de la Métaphysique.

Donald Trump avait ouvert la voie, hardiment, avec les « vérités alternatives ». Le tsar va plus loin en dévoilant comment la réalité inventée par les Occidentaux dégénérés est une fiction.

Ils ont monté les « scènes de crimes » et le « théâtre des opérations » en projetant dans leur décor des images de jeux vidéo pour faire croire à une guerre.

Ils ont poussé loin l’art du trucage, du travestissement et de la reconstitution, sous la conduite du bouffon qui dirige leur troupe. Ils se déguisent en ennemis, et parfois commettent de vraies exactions, en faisant couler du vrai sang et en violant leurs femmes et leurs filles pour que le crime retombe sur l’armée russe venue les libérer. S’ils ne jouaient pas la comédie, auraient-ils si bonne mine, et des habits propres, quand ils sortent des souterrains de Marioupol ?

Ils appliquent les leçons des philosophes occidentaux décadents, dits de la « déconstruction » : les faits sont contrefaits, la réalité n’existe pas.

Ils avaient même réussi à faire croire que l’Ukraine existait, alors que c’est une ruse de l’esprit et une fiction de l’Histoire, comme on le voit aujourd’hui.

mardi 10 mai 2022

Le narratif poutinien, 45. L’avion de l’Apocalypse

Hier, les Occidentaux dégénérés attendaient de voir la parade aérienne au-dessus de la place Rouge, avec tous les avions militaires, des Soukhoï, des Mig en formation dessinant dans le ciel le Z de la victoire, des Tupolev supersoniques à géométrie variable, et surtout l’Iliouchine II-80, que les Occidentaux fascinés par leur propre destruction ont baptisé « l’avion de l’Apocalypse ».

Un bunker volant, blindé, sans hublots, avec une bosse sur le dos, dans lequel le tsar Vladimir premier prendra place pour commander la guerre nucléaire depuis là-haut. Il sera le dernier à avoir une vue plongeante sur la terre entièrement rasée et vitrifiée.

L’avion n’a pas volé le 9 mai, en raison de quelques cumulo-nimbus dans le ciel. La guerre nucléaire ne pourra donc être déclenchée que par beau temps.

L’Iliouchine II-80 peut voler pendant plusieurs jours. Comme on n’a jamais vu d’avion rester coincé en l’air, la piste d’atterrissage est tenue secrète.



lundi 9 mai 2022

Le narratif poutinien, 44. Le lendemain du 8 mai

La propagande occidentale en veut au tsar Vladimir premier de ne pas s’être conformé à ce qu’elle avait prédit pour son discours du 9 mai : crier victoire, sonner la mobilisation générale, déclarer la guerre totale. Il n’a rien dit d’extraordinaire, et même rien dit du tout. Du coup, les journalistes sont frustrés, et presque rassurés par des propos sans souffle. Il leur reste à comprendre que le tsar ne fait jamais ce qu’ils disent et ne dit jamais ce qu’il fait.

Le tsar Vladimir premier a montré au monde ce qu’est un vrai chef : tout seul, saluant les vétérans sans avoir peur d’attraper le Covid, scrutant le poitrail des gradés transformé en ostensoir à médailles en se demandant où il trouverait la place d’épingler les prochaines décorations pour récompenser les viols en réunion, les massacres de civils et d’enfants (une médaille en forme de hochet).

Les Occidentaux dégénérés ont regardé la Grande Parade en espérant que quelque chose allait se passer : l’explosion d’un char, une fusillade dans la tribune officielle, la désintégration en vol d’un avion. Mais il ne pouvait rien arriver de fâcheux : le patriarche de l’Église orthodoxe russe, Kirill, avait béni les tanks et les missiles.


Le président russe, Vladimir Poutine, lors du défilé militaire du Jour de la victoire, sur la place Rouge, dans le centre de Moscou, le 9 mai 2022. KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP

dimanche 8 mai 2022

Le narratif poutinien, 44. Anna Politkovskaya

« Je n’ai publié qu’un seul livre, mais je suis un auteur très particulier : tous les personnages de mon livre sont déjà morts. Ma vie en a été bouleversée, car j’ai décidé de leur rester fidèle et de faire de mon mieux pour que la communauté internationale mette fin à cette guerre. […] Quand les gens sont exécutés sur un territoire déterminé et à cause de leur nationalité, on peut parler de “génocide”. La destruction englobe des enfants, des femmes, même des femmes enceintes, n’importe qui. J’ai vu de mes yeux des fosses communes où tous les cadavres avaient manifestement été torturés et certains même scalpés. Leurs mains et leurs pieds étaient attachés avec du fil de fer. C’étaient des tortures médiévales, des amputations. Je peux éventuellement comprendre que l’armée russe considère tous les hommes comme des combattants en puissance, mais, quand on voit dans les fosses des cadavres de femmes et d’enfants, on sait qu’il s’agit d’un génocide. »

La journaliste russe Anna Politkovskaya parlait de ce qu’elle avait vu en Tchétchénie, au 68e congrès du PEN international qui s’est tenu à Londres en 2001. C’était cinq ans avant son assassinat. Comme on peut le constater, les choses ont bien changé en Ukraine, aujourd’hui.

samedi 7 mai 2022

Le narratif poutinien, 43. Tatouages

Dans les camps de filtration, les soldats russes obligent les Ukrainiens à se déshabiller complètement, surtout les Ukrainiennes, surtout les jeunes Ukrainiennes. Ils cherchent des tatouages. Les jeunes Ukrainiennes restent nues pendant des heures devant une armée de soldats russes qui scrutent chaque centimètre de peau. Certains soldats zélés poussent les investigations plus loin, dans les replis intimes où peuvent se dissimuler des tatouages nazis. Ces Ukrainiennes sont vicieuses.

Quand un soldat russe trouve un tatouage nazi, il le gratte jusqu’au sang. C’est une méthode efficace pour lutter contre la nazification des esprits.

Le soldat du groupe Wagner qui a cassé le crâne d’un Ukrainien à coup de crosse pour s’assurer qu’aucune croix gammée n’était gravée dans sa cervelle n’a rien trouvé.

vendredi 6 mai 2022

Le narratif poutinien, 42. Les excuses du tsar

Le tsar Vladimir premier a présenté ses excuses au Premier ministre israélien après les propos sur le « sang juif » d’Hitler, tenus par le chef de la diplomatie russe, Sergueï Labrov, affectueusement surnommé par son entourage « Droopy chien triste ».

Le tsar Vladimir premier a présenté ses excuses au président Volodimir Zelensky pour avoir dit que l’Ukraine n’existait pas et qu’elle était peuplée de nazis, et pour avoir envahi un pays démocratique et souverain.

Le tsar Vladimir premier a présenté ses excuses à la Communauté internationale en raison du désordre mondial causé par l’agression de l’Ukraine, s’engageant à un cessez-le-feu immédiat et au retrait des troupes russes avant la parade du 9 mai.




jeudi 5 mai 2022

Le narratif poutinien, 41. Juif et nazi

Sergueï Labrov n’a pas été bien compris par le gouvernement d’Israël, quand il a fait cette déclaration, le 1er mai : «  Zelensky est juif. Ce fait ne permet pas de nier qu’il y a des éléments nazis en Ukraine. Je crois qu’Hitler avait aussi du sang juif. » Il a ajouté : «: Depuis longtemps, nous entendons les sages juifs dire que les plus grands antisémites sont les Juifs eux-mêmes. »

Le service de la communication du ministère des Affaires étrangères a commenté ainsi les propos du Ministre pour mieux les faire comprendre. Hitler avait du sang juif et il a voulu éliminer les juifs. Pourquoi ? par haine de soi. Il a fait payer aux Juifs la détestation de lui-même.

Zelensky est juif et il soutient des idées nazies, alors que, s’il avait eu comme un autre la haine de soi, il aurait dû retourner contre la partie juive en lui la partie nazie pour s’éliminer lui-même, et ainsi il n’y aurait pas de conflit entre l’Ukraine qui n’existe pas et la Sainte Russie.

La propagande occidentale qui soutient que le tsar Vladimir a du sang ukrainien disent n’importe quoi. Le tsar Vladimir a du sang russe depuis la nuit des temps. N’ayant pas de sang juif ni ukrainien, il n’est pas antisémite et il peut éliminer les nazis ukrainiens avec toute sa force.

mercredi 4 mai 2022

Le narratif poutinien, 40. Musique

Le conseiller culturel du Kremlin a décoré le journaliste de Radio-Classique qui, présentant un programme de musique ukrainienne, répétait entre chaque morceau « la musique adoucit les mœurs ». Les Ukrainiens ont en effet bien besoin d’écouter de la musique pour adoucir leurs mœurs, pas leur musique dégénérée, s’entend, mais la bonne musique russe.

Voilà longtemps que le groupe décadent de rock, Pink Floyd, n’avait pas chanté. Ils ont trouvé un prétexte pour revenir avec une nouvelle chanson de propagande, « Hey, Hey, Rise Up ! » (« Hey, Hey, Lève-toi ! »), mais comme ils n’ont plus de voix, ils ont pris celle d’Andriy Khlyvnyuk, du groupe ukrainien Boombox, ce chanteur qui chante tout seul, autrefois devant des salles sans auditeur, maintenant sur une place de Kiev vide. Il entonne « The Red Viburnum In The Meadow », une vieille chanson de la Première Guerre mondiale que plus personne ne connaît. Et que dit-elle ? « Notre glorieuse Ukraine est contrariée par quelque chose […] Pour une raison quelconque, notre glorieuse Ukraine est en deuil. » Ils ne savent même pas ce qui les contrarie et pourquoi ils sont en deuil. Et ils continuent à chanter dans le désert, sans une oreille pour les écouter.

Le sifflement d’un missile sera toujours plus agréable à l’oreille d’un vrai Russe de la Sainte Russie que les concerts de ces solistes et de ces orchestres qui continuent à jouer sous les bombes, comme l’orchestre du Titanic.

Tel hymne, tel peuple. L’hymne d’un pays qui n’existe pas dit des choses qui ne sont pas : « L’Ukraine n’est pas encore morte / Ni la gloire ni la liberté de l’Ukraine ne sont mortes », mais on sent que ces faibles sentent que c’est pour bientôt. Tandis qu’un grand peuple sûr de lui s’épanouit dans son chant patriotique : « Ô Russie, notre puissance sacrée / […] « Sois glorieuse, notre libre Patrie, / Alliance éternelle de peuples frères ! » L’Ukraine peut se réjouir d’abandonner bientôt son hymne noir pour un autre qui parle de liberté et de fraternité.



mardi 3 mai 2022

Le narratif poutinien, 39. Wagner (Richard)

Les décadents d’Occident croient que le nom de l’entreprise de sécurité privée « Wagner » est un acronyme, la première syllabe « Wa » pour « War », etc.

Mais non, c’est bien le musicien, Richard. Le commandant du groupe des mercenaires, Dmitri Outkine, est un grand amateur de musique. Il aime la musique militaire, mais aussi Wagner. Il adore Wagner, comme Hitler adorait Wagner, pour les mêmes raisons.

Hitler appréciait le compositeur antisémite parce qu’il exaltait les mythes germaniques. L’histoire ayant de ces ruses et de ces ironies, on peut aujourd’hui se réclamer de Wagner et combattre le nazisme caché sous le patriotisme ukrainien.

Ce n’est pas parce que Le Crépuscule des dieux se termine par l’effondrement du Walhalla où siègent les dieux qu’il faut y voir une prophétie.

Avec ses cuivres et sa grosse caisse, la musique de Wagner est assez forte pour couvrir les cris des nazis qu’on fait parler.

« Quand j’écoute trop Wagner, j’ai envie d’envahir l’Ukraine » (Woody Allen, à peu près).

dimanche 1 mai 2022

Le narratif poutinien, 38. Comparaison est raison

Les vies et travaux d’Adof H. et du tsar Vladimir premier présentent un certain nombre de points communs. On ne peut pas en tirer de conclusions définitives, mais quand même, il existe des coïncidences troublantes.

D’après des historiens sérieux, Adolf H. était doté d’un seul testicule et d’un tout petit pénis (7 cm en érection, la largeur d’un téléphone portable). Ceci expliquerait peut-être cela. Les médecins légistes se pencheront bientôt sur les mensurations du tsar Vladimir.

Adolf H. n’était pas grand, Vladimir est plus petit. Ceux qui sont obligés de lever les yeux pour regarder les autres rêvent de les voir un jour ramper à leurs pieds.

Dans sa jeunesse, Adoph H. a été amoureux transi de la belle Stefanie Isak, un nom qui sonne juif. Quand elle détournait ses regards, il était « prêt à se détruire et à détruire le monde entier », d’après son ami August Kubizek. L’Ukrainienne qui a éconduit Vladimir quand il n’était pas encore tsar préfère conserver l’anonymat.

Adolf H. a été recalé à l’examen d’entrée des Beaux-Arts. Il aurait pu être un peintre estimable. Vladimir a raté sa carrière d’espion. À défaut, les deux se sont recasés dans la politique.

Adolf H. (1889-1945) s’est suicidé en disant : « Si la guerre est perdue, peu m'importe que le peuple périsse. Ne comptez pas sur moi pour verser une seule larme. Il ne mérite pas mieux. » Les historiens du futur rapporteront les derniers mots du tsar Vladimir (1952-2022) : « Peu m’importe que le monde périsse. Il ne mérite pas mieux. Même le peuple russe : il ne me méritait pas. »