COVID. Nom commun, masculin dans la
rue, féminin à l’Académie.
ARMER. En état de guerre, se dit
même pour les lits : les hôpitaux ont armé
de nouveaux lits de réanimation.
ACTEURS. Personnes qui montent sur
scène : les théâtres fermés sont occupés par des acteurs du monde de la culture.
DRASTIQUE. Toutes les mesures contraignantes
le sont, et même parfois les chiffres encourageants : « baisse
drastique du nombre de morts dans les EHPAD grâce à la vaccination » (France
Inter, 14 avril 2021).
ACCÉLÉRER. Rengaine des journalistes
optimistes qui soutiennent l’action du gouvernement. Faire suivre par « encore » :
on accélère encore, ce qui serait un
pléonasme si on n’avait pas démarré très lentement.
ESSENTIEL (L’). La crise a ceci de
bon qu’on y revient.
TENDU. Se dit d’une situation quand
le tissu est prêt à craquer.
MONDE D’APRÈS. Vieux. Expression du
premier confinement, quand on croyait que les choses allaient changer.
Maintenant, on sait que Houellebecq avait raison : le monde d’après, ça
sera comme le monde d’avant, mais en pire.
NOLI ME TANGERE. Formule utilisée
par le Pape en temps de Covid, pour repousser les foules enthousiastes.
ARGUMENT DU PARI. Cent pour cent des
gagnants au loto ont tenté leur chance. Cent pour cent de ceux qui n’ont pas
joué au loto ont économisé leur mise. Les chances de toucher le jackpot au loto sont de 1 sur 19 millions. On joue quand même.
Les risques de thrombose avec le vaccin AstraZeneca sont de 8 sur 1 million.
Il vaut mieux se faire vacciner que de jouer au loto.
samedi 15 mai 2021
samedi 1 mai 2021
Le sens de l’humour
Avec le prince Philip, les Anglais ont
enterré le dernier souverain so british.
Son petit-fils, le prince Harry, a salué un homme « armé d’un sens de
l’humour très aiguisé ». Si aiguisé qu’il était parfois tranchant, sur le
fil, avec des petites blagues à connotations racistes et sexistes. Mais qui
confondrait un discours raciste et sexiste au premier degré et une blague, même
mauvaise, qui joue avec le stéréotype ? Certains exemples de « gaffes »
du Prince cités par la presse comme preuves de « mauvais goût »
montrent d’ailleurs qu’on a totalement perdu le sens du second degré : « Inaugurant
une plaque dans un stade de cricket à Londres en 2017 : “Vous êtes sur le
point de voir l’expert mondial des inaugurations de plaques”». Ou encore :
« Lors d’une visite au Canada en 1969 : “Je déclare cette chose
ouverte, quelle qu’elle soit” ». Comble de l’humour : parvenir à
l’autodérision.
Grand admirateur de Napoléon, Pierre-Jean Chalandon a trouvé une stratégie pour déserter le champ de bataille. Après avoir dit que des ministres participaient à un dîner clandestin, le collectionneur, sommé de donner des noms, plaide l’« humour ». Déjà qu’on n’identifie plus le second degré de l’humour, comment s’y reconnaître si un indélicat l’utilise pour maquiller le premier degré ?
Quand les médias ont-ils cessé de glisser une blague le 1er avril ? Naguère, et peut-être autrefois, on l’attendait, à la radio. On savait que dans les informations du matin se glisserait immanquablement un poisson. Un 1er avril des années 1980, un présentateur annonça que deux équipes, l’une française, l’autre anglaise, creusant chacune en grand secret de part et d’autre de la Manche, avaient donné le dernier coup de pioche sous la mer et s’étaient serré la main. Signe de dégradation, de baisse de moral, de peur de confusion entre vérité et blague : on n’ose plus accrocher un poisson de 1er avril au dos de l’actualité. Il se trouverait bien un auditeur sérieux pour porter plainte devant la justice, en invoquant l’abus de confiance.
Grand admirateur de Napoléon, Pierre-Jean Chalandon a trouvé une stratégie pour déserter le champ de bataille. Après avoir dit que des ministres participaient à un dîner clandestin, le collectionneur, sommé de donner des noms, plaide l’« humour ». Déjà qu’on n’identifie plus le second degré de l’humour, comment s’y reconnaître si un indélicat l’utilise pour maquiller le premier degré ?
Quand les médias ont-ils cessé de glisser une blague le 1er avril ? Naguère, et peut-être autrefois, on l’attendait, à la radio. On savait que dans les informations du matin se glisserait immanquablement un poisson. Un 1er avril des années 1980, un présentateur annonça que deux équipes, l’une française, l’autre anglaise, creusant chacune en grand secret de part et d’autre de la Manche, avaient donné le dernier coup de pioche sous la mer et s’étaient serré la main. Signe de dégradation, de baisse de moral, de peur de confusion entre vérité et blague : on n’ose plus accrocher un poisson de 1er avril au dos de l’actualité. Il se trouverait bien un auditeur sérieux pour porter plainte devant la justice, en invoquant l’abus de confiance.
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