mardi 28 décembre 2021

Covidé lambda

C’est comme pour les doux noms féminins des tempêtes et des cyclones, on ne sait pas qui choisit. Peut-être un amoureux éconduit qui se venge de l’ingrate. Même interrogation pour les variants du Covid : au début, sont apparus le variant « anglais », puis le variant « sud-africain », puis le variant « indien ». L’Angleterre, l’Afrique du Sud et l’Inde ayant élevé de vives protestations contre une appellation « stigmatisante et discriminatoire » (sic), surtout l’Angleterre, pays du Nord et civilisé, les scientifiques se sont rabattus sur une terminologie aussi neutre que les dessins d’architecture sur les billets en euros : alpha, béta. Mais au lieu de suivre dans l’ordre les vingt-quatre lettres de l’alphabet grec, ce qui ménage l’avenir, voici que le préposé anonyme à la dénomination est passé à delta pour rebaptiser le troisième variant, dit « indien », sautant par-dessus gama, et à kappa pour le quatrième, qui occupe la dixième place dans la liste. Et le cinquième s’appelle omicron (15e lettre). Joue-t-il la lettre aux dés ? S’il était passé directement à omega, on aurait pu croire que le cycle était terminé.

Quarantaine, quatorzaine, septaine. Mitaine : une demi-journée d’isolement ?

Selon les spécialistes, la société a commencé à être nomade, puis sédentaire. Elle s’est cristallisée en blocs solides : hiérarchie, civilisation urbaine, grands monuments, pyramide des âges. Récemment, elle s’est muée en état liquide : tout n’est que flux, circulation, réseaux. Avec le Covid transmis par des gouttelettes en suspension, nous voici entrés dans l’ère de la société gazeuse, où tout est vaporisation.

mercredi 22 décembre 2021

En retard (1)

Rien sur le blog depuis le 13 septembre. Des amis ont cru à une disparition, sans laisser d’adresse, même électronique. D’autres à une histoire de cadavre qu’on retrouve trois mois plus tard disputé par les vers, les rats et le chat. Drame de la solitude, titrent les journaux. Il meurt tout seul, comme s’il pouvait en être autrement. Non, c’est plus simple. Le bloggeur était requis ailleurs.

Il a quand même eu le temps de prendre des notes, qu’il livre à la curiosité de ses followers, celles et ceux qui le suivent, qui m’aime me suive, et parfois le poursuivent. Que fais-tu, que deviens-tu, pourquoi n’écris-tu plus ? Il s’en est passé des choses.

Solenn de Royer a publié en septembre 2021 un récit intitulé Le dernier secret, chez Grasset. C’est le récit (autobiographique ?) de la relation entre une très jeune femme qu’on appellera Claire et le vieux François Mitterrand. De Gaulle avait une épouse, Yvonne, et une maîtresse, une seule, la France, qui prenait tout son temps. Imagine-t-on une biographie de la vie amoureuse du grand Charles ? Pas plus que De Gaulle mis en examen. François Mitterrand avait tant de maîtresses (ce Dernier secret sera suivi de beaucoup d’autres) qu’on se demande quand il trouvait le loisir de s’occuper de la France.

Delphine Jubillar a disparu depuis une année. Cédric Jubillar a rencontré sa nouvelle compagne, Sévérine Longhini, lors d’une battue organisée pour retrouver le corps de son épouse. Ce jour-là, ils n’ont rien trouvé. Reviens, Marguerite, écrire « Sublime, forcément sublime, Cédric J. », après avoir vu la maison du couple, pas finie, avec ses gravats, sa poubelle, ses volets fermés.



Pourquoi la télévision ne rediffuse-t-elle jamais Le Docteur Jivago pendant l’été ?

lundi 13 septembre 2021

Bébel

Dans la famille Belmondo, on demande l’artiste, Paul, le père.

« Il a eu les plus belles femmes du monde », CD, CC, UA, etc. Les journalistes, de sexe masculin ou féminin, ne disent toujours pas d’une femme qu’elle a eu les hommes les plus ceci ou les plus cela du monde.

D’accord, il ne se faisait pas doubler pour les cascades, mais les claquettes sur la table dans Un singe en hiver, ce n’était pas lui.

Aux obsèques de Jean-Paul II, les dévots criaient Santo subito ! Dès la mort de l’autre Jean-Paul, on a entendu monter de la foule : Panthéon tout de suite.

Venu saluer le dernier, ou l’avant-dernier « monstre sacré », mort à 88 ans, Alain Delon, 85 ans, assistait à une répétition.

dimanche 22 août 2021

Taliban, sans « s »

Les tabiban peut ne pas prendre de « s ». Taliban est déjà un pluriel. C’est un singulier collectif : ils se ressemblent tous, barbe, kalachnikov, shalwar kameez. Un taliban vaut tous les taliban, les tabiban agissent comme un seul homme. Quand un taliban lapide une femme adultère, la pierre arme le bras de tous les taliban.

Les Américains en débandade se distinguent par ce fair play et cette élégance dans la défaite qui consiste à laisser à l’ennemi le matériel militaire avec lequel ils l’ont combattu, en souvenir.

Les GI’s arrivent soit par la mer (débarquement), soit par le ciel (parachutage). Quand ils repartent, c’est exclusivement par la voie des airs, de bas en haut, agrippés à un hélicoptère.

Les mollahs sont et resteront fermes.

Le mollah Baradar revendique la conduite du gouvernement des taliban, rappelant que c’est lui, et pas un autre, qui conduisait la moto sur laquelle le mollah Omar a fui.

Quand on pense que la jeune Afghane aux yeux verts, dont on a tous épinglé la photo, par amour et solidarité, est une pachtoune.

Quelle est la différence entre un kamikaze islamiste et un taliban ? Après s’être fait sauter, le kamikaze sera accueilli au paradis par 72 vierges. Moins gourmand, le taliban, de son vivant, est certain qu’il trouvera une fillette de 12 ans à dépuceler.

mercredi 18 août 2021

Perdre là, Kaboul

Taliban : nom commun exclusivement masculin. Le féminin n’est pas usité.

Les nouveaux maîtres de Kaboul se sont engagés à former « un gouvernement inclusif ». S’appuyant sur la déclaration de l’Académie française concernant l’écriture dite précisément « inclusive » (2017), considérée comme un « péril mortel », ils ont décidé que le féminin ne ferait l’objet d’aucun accord.

Étant donné que les Talibans, dont on disait qu’ils seraient à Kaboul dans deux mois, ont pris son contrôle en deux jours, combien de temps mettront-ils pour entrer dans Paris, sachant que les experts leur donnent deux années ?

L’un des chefs talibans a promis de terminer le travail de destruction entamé contre les Bouddhas de Bâmiyân. Toute la falaise va y passer. Les tenants américains de la cancel culture ont fait des émules.

Par peur des représailles, on voit des musiciens qui cassent leur instrument, des peintres qui crèvent leurs tableaux, des photographes qui jettent leur appareil à l’eau, des femmes qui se laissent pousser la barbe.

jeudi 12 août 2021

Mon bel été à moi

À la fin de nos messages de saison, « bel été » a remplacé « bon été », trop banal. Même les vacances doivent répondre à certains critères esthétiques.

Cet été, justement, les incendies, les précipitations, les inondations sont apocalyptiques. « Elle accomplit des prodiges étonnants : jusqu’à faire descendre, aux yeux de tous, le feu du ciel sur la terre » (Apocalypse, 13, 13). Les météorologues ont baptisé cette Bête : l’anticyclone « Lucifer ».

Les hommes ne sont pas en reste sur les éléments. La stèle de Simone Veil à Perros-Guirec a été taguée de croix gammées peintes en rouge : « Salope A du sang sur les mains ». Après des recherches infructueuses du côté d’un laboratoire chinois, les complotistes ont enfin trouvé la responsable de la pandémie.

Bonne nouvelle pour les Antilles : le chlordécone, pesticide désormais interdit dans les bananeraies, pourrait servir de remède pour soigner les cas de Covid particulièrement graves.

La « maison brûle », en Grèce, en Algérie. Mais que font les pompiers ? Ils essuient des tirs de mortiers pour feu (mais d’artifice) à Mantes-la-Jolie.

Les talibans ont horreur du vide laissé par le départ des armées américaines : ils le comblent très vite, de conquête en conquête. Trois intellectuels engagés, Bernard Kouchner, Bernard-Henry Lévy et André Malraux ont lancé un appel à la constitution d’une brigade internationale, en soutien au jeune général Sami Sadat, le héros national qui organise la résistance.

samedi 17 juillet 2021

Boomerang

L’arroseur arrosé, c’est comique.

Le gendarme rossé, c’est Guignol.

Le voleur volé, c’est réjouissant. Un ministre de la Justice mis en examen, c’est bouffon.

Un cancérologue qui meurt du cancer, là on ne rit plus.

samedi 12 juin 2021

Joue et parle

Alors qu’elle venait de se qualifier pour le deuxième tour à Roland-Garros, la joueuse de tennis Naomi Osaka a préféré abandonner le tournoi plutôt que de répondre aux journalistes.

À cette occasion, beaucoup ont appris que la séance de questions après le match faisait partie des « obligations médiatiques contractuelles », sous peine d’une amende de 12 300 euros, et en cas de récidive, de « futures suspensions en Grand Chelem ». Sur un court, on peut hurler comme cette mauvaise tête de John McEnroe ou la bûcheronne Monica Seles, mais il est interdit de se taire devant les micros quand on en sort.

Les journalistes commentent la fragilité mentale de la championne ; personne pour dénoncer la bêtise du règlement, l’assujettissement économique des champions et la complicité tyrannique des médias sportifs.

Naomi Osaka a justifié ainsi sa décision : « Souvent, on nous pose des questions qu’on nous a déjà posées de nombreuses fois ou des questions qui nous font douter et je ne vais pas me soumettre à des personnes qui doutent de moi. » Vérification faite, la traduction des propos de la numéro 2 mondiale ont été légèrement déformés. Elle a dit, littéralement : « Souvent, on nous pose des questions tellement connes qu’on se demande pourquoi avoir fait tant d’efforts sur le court et je ne vais pas me soumettre à des personnes qui me fatiguent encore plus que de taper dans la balle. »

Pour la même raison, Elena Ferrante, l’une des meilleures romancières mondiales, a été contrainte de poser la plume, sanctionnée par les instances internationales de la Littérature, qui imposent aux écrivains de venir parler de leurs livres après les avoir écrits.

samedi 15 mai 2021

Dictionnaire de la Covid

COVID. Nom commun, masculin dans la rue, féminin à l’Académie.

ARMER. En état de guerre, se dit même pour les lits : les hôpitaux ont armé de nouveaux lits de réanimation.

ACTEURS. Personnes qui montent sur scène : les théâtres fermés sont occupés par des acteurs du monde de la culture.

DRASTIQUE. Toutes les mesures contraignantes le sont, et même parfois les chiffres encourageants : « baisse drastique du nombre de morts dans les EHPAD grâce à la vaccination » (France Inter, 14 avril 2021).

ACCÉLÉRER. Rengaine des journalistes optimistes qui soutiennent l’action du gouvernement. Faire suivre par « encore » : on accélère encore, ce qui serait un pléonasme si on n’avait pas démarré très lentement.

ESSENTIEL (L’). La crise a ceci de bon qu’on y revient.

TENDU. Se dit d’une situation quand le tissu est prêt à craquer.

MONDE D’APRÈS. Vieux. Expression du premier confinement, quand on croyait que les choses allaient changer. Maintenant, on sait que Houellebecq avait raison : le monde d’après, ça sera comme le monde d’avant, mais en pire.

NOLI ME TANGERE. Formule utilisée par le Pape en temps de Covid, pour repousser les foules enthousiastes.

ARGUMENT DU PARI. Cent pour cent des gagnants au loto ont tenté leur chance. Cent pour cent de ceux qui n’ont pas joué au loto ont économisé leur mise. Les chances de toucher le jackpot au loto sont de 1 sur 19 millions. On joue quand même. Les risques de thrombose avec le vaccin AstraZeneca sont de 8 sur 1 million. Il vaut mieux se faire vacciner que de jouer au loto.

samedi 1 mai 2021

Le sens de l’humour

Avec le prince Philip, les Anglais ont enterré le dernier souverain so british. Son petit-fils, le prince Harry, a salué un homme « armé d’un sens de l’humour très aiguisé ». Si aiguisé qu’il était parfois tranchant, sur le fil, avec des petites blagues à connotations racistes et sexistes. Mais qui confondrait un discours raciste et sexiste au premier degré et une blague, même mauvaise, qui joue avec le stéréotype ? Certains exemples de « gaffes » du Prince cités par la presse comme preuves de « mauvais goût » montrent d’ailleurs qu’on a totalement perdu le sens du second degré : « Inaugurant une plaque dans un stade de cricket à Londres en 2017 : “Vous êtes sur le point de voir l’expert mondial des inaugurations de plaques”». Ou encore : « Lors d’une visite au Canada en 1969 : “Je déclare cette chose ouverte, quelle qu’elle soit” ». Comble de l’humour : parvenir à l’autodérision.

Grand admirateur de Napoléon, Pierre-Jean Chalandon a trouvé une stratégie pour déserter le champ de bataille. Après avoir dit que des ministres participaient à un dîner clandestin, le collectionneur, sommé de donner des noms, plaide l’« humour ». Déjà qu’on n’identifie plus le second degré de l’humour, comment s’y reconnaître si un indélicat l’utilise pour maquiller le premier degré ?

Quand les médias ont-ils cessé de glisser une blague le 1er avril ? Naguère, et peut-être autrefois, on l’attendait, à la radio. On savait que dans les informations du matin se glisserait immanquablement un poisson. Un 1er avril des années 1980, un présentateur annonça que deux équipes, l’une française, l’autre anglaise, creusant chacune en grand secret de part et d’autre de la Manche, avaient donné le dernier coup de pioche sous la mer et s’étaient serré la main. Signe de dégradation, de baisse de moral, de peur de confusion entre vérité et blague : on n’ose plus accrocher un poisson de 1er avril au dos de l’actualité. Il se trouverait bien un auditeur sérieux pour porter plainte devant la justice, en invoquant l’abus de confiance.

samedi 10 avril 2021

Incipit

La Covid a contraint certains auteurs à réécrire les premières phrases de leur roman.

Nous étions à l’Étude, quand le Proviseur entra, suivi d’un nouveau dont le visage était caché par un masque confectionné à la maison. Sa mère avait brodé une cathédrale de Rouen, plus haute que la pyramide d’Égypte, représentée à côté, avec un chameau allongé devant.

Comme s’ouvrait un trente-troisième confinement, le boulevard Bourdon se trouvait absolument désert. (Stéphanie Dord-Crouslé)

Longtemps, je me suis couché de bonne heure. Ma seule consolation, quand je montais me coucher, était que maman viendrait m’embrasser quand je serais dans mon lit. Mais depuis l’épidémie, elle avait décidé qu’il était trop risqué pour elle comme pour moi de m’accorder ce viatique.

Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. Peu importe. De toute façon, le télégramme dit : Enterrement annulé.

La marquise sortit à cinq heures. Elle rentra avant le couvre-feu.

samedi 27 mars 2021

La preuve par la traduction

Marieke Lucas Rijneveld a cru qu’il suffisait de se dire « personne non binaire » utilisant le pronom « iel », ni il ni elle et les deux, pour se légitimer comme traductrice du poème The Hill We Climb, lu au Capitole par Amamda Gorman le jour de l’investiture de Joe Biden. Son éditeur néerlandais Meulenhoff ne l’a pas retenue quand elle a décidé de se retirer après un article d’une journaliste noire, dénonçant le « profil inadéquat » d’une femme blanche, appartenant à la race dominante, qui aurait donné une traduction « trop belle et trop propre », marquée par « le surplomb de la pensée blanche ». Selon Janice Deul, l’effet du poème serait « plus puissant » dans une traduction confiée à « un artiste de la création parlée, jeune, femme et […] noire ».

Outre la couleur de peau, Marieke Lucas Rijneveld a le tort d’être poétesse et romancière alors qu’Amanda Gorman slame ses vers. La blanche est par ailleurs trop vieille, à 29 ans, pour traduire une jeune poétesse de 22 ans.

L’éditeur Fayard, plus malin, avait fait savoir que la traduction en français avait été confiée à la chanteuse belgo-congolaise de 24 ans, Marie-Pierra Kakoma, auteur compositrice interprète, rappeuse et mannequin (Wikipédia) qui se produit sous le nom anglais de Lous and the Yazuka.

« Son mot à dire » a voulu en avoir le cœur net en confiant le poème officiel à quatre traducteurs-trices, en faisant varier les critères : une noire binaire slameuse, un noir hétéro qui tient la plume, une slameuse lesbienne blanche, un mâle blanc hétéro moyen qui n’a jamais rien écrit.

Dès le titre, The Hill We Climb, la différence saute aux yeux :
1. La colline que nous escaladons
2. La colline où nous montons
3. La motte de terre on la gravit
4. Ce petit renflement géologique, on en viendra à bout.

La preuve est faite, s’il en était besoin, que la couleur de peau, l’orientation sexuelle, l’âge et le mode d’expression, oral ou écrit, font la différence.

dimanche 7 mars 2021

Époque épique

Là, c’est vraiment la guerre. Les armées s’y mettent, les hôpitaux militaires sont opérationnels sur le terrain. L’infirmière en chef et en képi énumère les atouts : ordre, discipline, interventions en urgence, service de la patrie. Elle pourrait ajouter : frappes chirurgicales dans la cible sans dégâts collatéraux ni effets secondaires.

Qui a dit que les Français n’avaient pas la tête épique ? Tous les jours les médias écrivent un nouvel épisode de l’épopée vaccinale, avec les bons et les méchants (ceux qui refusent le vaccin, qui ne respectent pas le confinement, qui font la fête dans des caves), le dénombrement des vaccinés, comme Homère énumère les bateaux et les armées en présence, les héros et les victimes, l’avancée sur le territoire. Après L’Illiade, la Vaccinade, jusqu’à la victoire finale.

Les journalistes n’ont jamais été aussi pro-gouvernementaux : la personne invitée émet-elle un doute ou une critique qu’aussitôt l’interviewer lui coupe la parole pour rappeler les mesures du gouvernement, les annonces du gouvernement, les décisions du gouvernement, la difficulté qu’il y a à gouverner et qu’est-ce que vous feriez à sa place ? L’urgence de la situation semble imposer une union sacrée dont les journalistes se font les gardiens, promus en remparts contre toute contestation suspectée de mettre en péril le cordon sanitaire.

mercredi 3 mars 2021

C’est compliqué

C’est compliqué. Dans le monde d’avant, cette expression désignait un choix de situation amoureuse, en concurrence avec célibataire, en couple, marié.e ou en attente d’un miracle. Aujourd’hui, elle accompagne obligatoirement l’évocation de la situation sanitaire et des mesures à prendre : c’est compliqué.

Tout le monde porte un masque, sauf les Cyrano au nez trop long, les Karl Marx à barbe si fournie que le masque ne cache rien, les complotistes à qui on ne la fait pas, ceux qui n’ont peur de rien, celles qui ne sauraient cacher ce qu’elles veulent montrer, les trop pauvres pour s’acheter un masque, Olivier V* et Jérôme S* qui ont dit que le masque ne servait à rien, ceux qui fument ou qui vapotent, ceux qui postillonnent dans leur portable, c’est-à-dire tout le monde.

mercredi 24 février 2021

Lancement de Spoutnik V

Les scientifiques russes n’ont pas communiqué la composition de leur vaccin Spoutnik V. En dehors de tout esprit russophobe, on se contentera de rappeler qu’en 1960 Spoutnik 5, de même numéro, contenait deux chiens, Belka et Strelka, quarante-deux souris et deux rats.

V comme « Victory ». Ça marche aussi avec l’initiale de Vladimir.

Alexeï Navalny a été déclaré volontaire pour la première injection. Il a déjà développé suffisamment d’anticorps.

Spoutnik V est efficace à plus de 91% contre les formes symptomatiques du Covid-19. C’était aussi le pourcentage de Vladimir Poutine à l’élection présidentielle de 2018 en Crimée et en Tchétchénie, où le candidat avait obtenu plus de 90% des voix.

Dans la population mondiale, les Brésiliens et les Africains ont toujours servi de variants d’ajustement. C’est plus étonnant pour les Anglais.

Le maire de Nice, Christian Estrosi, proposera au prochain conseil municipal de débaptiser la promenade des Anglais. Ils circulent trop.

Empathie : sentiment d’indifférence qui cache de l’antipathie sous un semblant de sympathie. Exemple : le directeur d’Amazone France a exprimé son empathie pour les petits commerçants obligés de fermer pendant que son chiffre d’affaire augmente.

dimanche 31 janvier 2021

Qu’importe le flacon

La neige est pourtant au rendez-vous dans les stations de ski, mais les professionnels de la montagne craignent une saison blanche.

Encore une victime du réchauffement climatique : la banquise a fondu sous les pieds des pingouins de Xavier Gorce.

Les morts de la Covid, on dit qu’ils sont morts de la Covid. Le cascadeur Rémy Julienne est mort de la Covid. Jean-Pierre Bacri est mort, on a su tout de suite de quoi : du cancer (justement la maladie redoutée par l’hypocondriaque qu’il jouait dans On connaît la chanson). Mais au sujet de Georges Pernoud, le « mythique présentateur de Thalassa », on a dit : des suites d’une longue maladie. Tout le monde a pensé à un cancer. La longue maladie qu’on n’ose pas nommer, c’est le cancer. Mais non, Pernoud était atteint de la maladie d’Alzheimer, il ne savait même plus qu’il était le mythique présentateur de Thalassa. Pour résumer, la Covid est une mort à la mode et noble qu’on peut avouer ; le cancer aussi, il est maintenant de bon ton de s’en réclamer ; mais Alzheimer, non, c’est une maladie honteuse, presque obscène.

Les infirmiers ont cru bien faire en « maximalisant » (entendu à la radio) les flacons de vaccin Pfizer. Avec les cinq doses prévues, on peut vacciner six personnes. Que fait Pfizer ? 1) Il se réjouit de cette bonne nouvelle. 2) Il diminue la quantité de liquide dans les flacons pour réduire à cinq doses effectives. 3) Il augmente le prix d’un sixième. 4) Il fait valoir que le contrat est signé pour tant de doses et non pour tant de flacons. 5) Il a trouvé une autre solution.

« Un théâtre est un lieu tout aussi saint qu’une église », Flaubert, Voyage en Italie.

Plus les taux montent, plus l’étau se resserre.

vendredi 15 janvier 2021

Stop and go

En cadeau de départ, les Grands Bretons ont envoyé à l’Europe et au Monde le variant anglais de la Covid, sans régler les droits de douane qui s’imposent pourtant après le Brexit.

Tout seuls dans leur île, et maintenant confinés chacun chez soi. Comment les plaindre ?

Variant anglais, variant sud-africain, variant brésilien, variant japonais. À quand l’exportation d’un virus made in France ? Notre balance des échanges reste déficitaire.

Est-il bien raisonnable que le géant canadien Couche-tard songe à racheter Carrefour au moment du couvre-feu à 18 heures ?

Version optimiste : stop and go. Version pessimiste : go and stop.

vendredi 8 janvier 2021

Actu et à toi

N’exagérons rien : un beau-père abusant sexuellement de son beau-fils ne commet qu’un demi-inceste.

On apprend que Bernard Kouchner, père de tous les orphelins du monde, avait deux enfants. Quand il transportait des sacs de riz sur le dos, c’est qu’il avait des bouches à nourrir.

Le variant du virus est apparu beaucoup plus tôt qu’on ne le dit, exactement le 7 mai 2020, le jour où l’Académie française a provoqué la mutation du genre, faisant passer le Covid à la Covid.

Heureusement qu’il y a la Covid pour qu’on ait un sujet de conversation. Sans le virus, qu’est-ce qu’on trouverait à se dire ?

C’est la première fois qu’on se souhaite pour la nouvelle année une bonne santé collective.

Roselyne Bachelot est une responsable politique deux fois incomprise. Ministre de la Santé, elle a multiplié les masques alors qu’on n’en avait pas besoin. Ministre de la Culture, elle ferme les cinémas et les théâtres, quand on en a le plus besoin.

Le dimanche 27 décembre 2020, à 11h (l’horloge faisant foi sur la photo), Mauricette (on taira son nom) est entrée dans l’histoire de France en recevant la première dose de vaccin. Elle a prononcé ce mot, dont on gardera mémoire : « Ça chauffe. »