mardi 24 janvier 2023

Le narratif poutinien, 130. Céline, Guerre (pages inédites, suite 4)

Il était venu les chercher dans la prison, lui-même dans la cour haranguant la foule, en personne, le grand dénudé du crâne qu’on voyait à la télé, le cuisinier qu’on l’appelait parce que c’est là qu’il avait fait sa fortune, et colossale d’après ce qu’on disait. La taule, il savait ce que c’était, pour en avoir fait lui dans sa jeunesse, alors il savait leur parler, aux têtes brulées comme lui.

Mais fallait pas croire, c’était un délicat, un sentimental qu’aimait la musique, surtout l’allemande d’avant le Reich, pas de la musique militaire avec clairons et tambours, non, de la symphonique de grand orchestre, que l’auditeur était submergé de vagues déferlantes, du Wagner, un romantique celui-là.

Ils savaient leur parler aux gars privés de liberté et encore plus de femmes. Il leur avait dit pas de contacts sexuels avec la flore du lieu, la faune non plus et surtout pas les hommes, on n’est pas des pédés, personne, les femmes non plus qu’il avait ajouté, mais plus bas, et tout le monde avait compris que là-bas on pourrait s’en donner. Ils avaient tous été bizutés à mort dès que les portes s’étaient refermées, violés en réunion au bout d’un fusil. Alors, quand on les lâchait, ils rendaient la pareille. Sauf qu’ils remplaçaient le bout de la kalachnikov, pour pas la mouiller, par un goulot de bouteille. Les Ukrainiennes qui leur tombaient dans les mains, ils les embouteillaient, on disait ça. Et quand ils étaient fin saouls, ou qu’ils sentaient la déroute, ils cassaient le goulot pour qu’après les femmes ne puissent plus jamais rien faire. Les femmes ils les détruisaient comme les villes, ils savaient rien faire d’autre que détruire, pas les prendre, juste détruire.


 

mardi 10 janvier 2023

Le narratif poutinien, 129. Bons signes

Le tsar Vladimir premier n’a pas envoyé ses vœux aux nations hostiles, qui paieront cher, en gaz et pétrole, leur russophobie. Il a réservé sa bénédiction à ses alliés, dont on peut dire qu’ils prospèrent en ce début d’année.

Les régimes forts se renforcent et les démocraties, faibles par nature, montrent des signes de fatigue et d’épuisement, de bon augure. Les esprits libres osent encore bouger, mais plus pour longtemps. Des signes encourageants se manifestent ici et là.

La Birmanie montre l’exemple en condamnant à 33 ans de prison une femme de 77 ans. C’est une juste peine, dont la durée est proportionnée à l’espérance de vie.

La Chine est prête à sacrifier un million d’habitants plutôt qu’à faire bouger d’un cheveu le discours de ses dirigeants. Zéro covid ou covid partout, puisque l’infection nous dépasse, feignons d’organiser le chaos.

En Iran, les coupables de haine contre Dieu pendent au bout d’une corde, haut et court dans le ciel, tractés par une grue de chantier. Les manifestants qui défilent les voient de très loin. Aux femmes les pierres, aux hommes les corbeaux. Dieu fonctionne encore pour faire croire ; IL reste le meilleur allié de la force.

Au Brésil, on a lacéré des tableaux, cassé des statues. Comme quoi les hommes sains qui abattent des arbres ne s’en laissent pas compter par les faux-semblants de la décadence.

Il y a bien encore ici ou là un grain de sable qui tente de gripper la machine. Mais le Grand Mécanicien éliminera tous les grains de sable jusqu’au dernier, même s’il faut nettoyer à la petite cuillère les plages du monde entier.

mardi 3 janvier 2023

Le narratif poutinien, 128. Vœux

Le service des postes étant interrompu par la route et le rail entre les peuples frères de Russie et d’Ukraine, l’armée russe a choisi la voie des airs pour envoyer ses vœux de bonne année de l’autre côté de la frontière. Une main enfantine a dessiné une boule de sapin, un feu d’artifice et un cadeau de Noël.

Les Ukrainiens ayant eux-mêmes détruit leurs centrales électriques pour faire croire que des barbares veulent les priver de lumière et de chauffage pendant l’hiver, il faut bien que quelqu’un se charge des illuminations pendant les fêtes, en faisant tomber du ciel des fusées éclairantes.

L’année qui commence est porteuse de bonnes nouvelles. Le tsar Vladimir premier en a retenu deux. La Chine a décidé de ne plus compter ses morts, suivant ainsi l’exemple de son alliée la Russie. À l’Ouest, il y aussi du nouveau : après Donald Trump, Jair Bolsonaro refuse de reconnaître sa défaite. C’est la marque des hommes forts. Il ne faut pas complètement désespérer de l’Occident.