mercredi 28 septembre 2022

Le narratif poutinien, 112. Gaz et eau

La rhétorique mise en œuvre dans le narratif poutinien est suffisamment enfantine pour être comprise par le peuple. C’est celle des cours de récréation : c’est pas moi, c’est lui.

La figure principale prend la forme d’une inversion, d’un retournement en miroir : l’agresseur devient l’agressé, le bourreau la victime, etc. Il suffit de copier/coller le discours d’en face, mais en négatif.

Même les revers passent pour des coups droits.

Après avoir tout de suite émis l’hypothèse d’un attentat sur les gazoducs Nord Stream, les autorités russes demandent en urgence une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU pour démasquer le terroriste. Le coupable est celui à qui profite le crime, c’est bien connu mais ça se discute. L’identification est plus simple si on désigne pour responsable le maître en inversion rhétorique : après avoir mis de l’eau dans le gaz, le saboteur est celui qui a mis du gaz dans l’eau.

mardi 27 septembre 2022

Le narratif poutinien, 111. Syllogisme

Lors de sa rencontre avec le tsar Vladimir premier à Sotchi, le 26 septembre 2022, le président biélorusse Loukachenko a parfaitement su maîtriser l’argumentation en trois temps.

1. Personne ne tolérera l’humiliation, cela n’est jamais arrivé au peuple russe.
2. Nous ne pouvons pas perdre.
3. Donc nous gagnerons.

Le président français Macron en était resté à la prémisse majeure du raisonnement, en affirmant : « Il ne faut pas humilier la Russie. »
On peut l’aider à compléter le syllogisme :
2. L’humiliation consisterait à perdre.
3. Donc la Russie doit gagner.

lundi 26 septembre 2022

Le narratif poutinien, 110. Signes encourageants

Malgré les fausses rumeurs orchestrées par les médias occidentaux, les bonnes nouvelles se multiplient.

Après l’exode des Ukrainiens, la fuite des Russes aura pour conséquence l’effondrement des pays de l’Ouest sous le poids des réfugiés.

Au milieu des déserteurs fuyant le devoir sacré de défendre la Sainte Patrie, se glissent quelques saboteurs.

En Italie, arrive un gouvernement autoritaire avec lequel il sera possible de s’entendre pour que les oligarques persécutés retrouvent une place au soleil.

Le commandement militaire a reconnu des erreurs dans la méthode de recrutement après que le tsar Vladimir premier lui-même (bientôt 70 ans, malade, très occupé) a reçu une convocation pour se présenter au centre de mobilisation.

mardi 20 septembre 2022

Le narratif poutinien, 109. Funérailles

Sept pays n’ont pas été invités aux funérailles de la Reine : la Russie, la Bélarus, la Birmanie, la Syrie, l’Afghanistan, la Corée du Nord et le Venezuela. Leurs représentants seront assis au premier rang lors des funérailles du tsar Vladimir premier, qui auront lieu après 70 ans de règne.

Le tsar a jugé cette mise au ban « blasphématoire » et « immorale », en se plaçant au point de vue des valeurs qui sont toujours les siennes, la religion et l’éthique.

La reine Elizabeth II a eu droit aux funérailles du siècle ; celles du tsar seront les funérailles du millénaire.

vendredi 16 septembre 2022

Le narratif poutinien, 108. The Queen and the Tsar

Avant que les invitations ne soient lancées, le tsar Vladimir premier avait fait savoir au monde entier qu’il n’assisterait pas aux funérailles de la Reine Elizabeth II, mais désormais que son nom ne figure pas sur les listes officielles, il proteste vigoureusement contre cette non-invitation qui le met devant le fait du Prince en l’empêchant de la décliner.

Quand on pense que Churchill promettait à son peuple du sang et des larmes en luttant contre les nazis, et que le gouvernement de sa Gracieuse Majesté a choisi de répandre le sang et les larmes en fournissant armes et soutiens à ces mêmes nazis, on se dit que quelque chose est pourri au Royaume-Uni.

« Désormais les élites britanniques sont aux côtés des nazis », a déclaré la porte-parole du Kremlin, mais on peut attendre que l’opinion publique, dans une démocratie bien constituée, se retourne contre sa classe dirigeante pour imposer une politique diamétralement opposée, avec la même unanimité que l’opinion publique russe se déclare favorable à l’intervention militaire spéciale.

La mort fait oublier les petites querelles humaines entre les vivants : quand le tsar mourra, ce qu’à Dieu ne plaise, il accepte par avance que tous les présidents et autres dirigeants du monde viennent rendre hommage à son long règne et à son œuvre civilisatrice.

Il ne tiendrait qu’au tsar d’envoyer un missile sur l’abbaye de Westminster, quand les cent têtes couronnées se courberont dans un même recueillement : de tous ces personnages, il n’est plus rien resté.

mardi 13 septembre 2022

Le narratif poutinien, 107. Sous contrôle

Petite fuite d’huile sur le gazoduc Nord Stream 1, obligeant à un arrêt total des livraisons vers l’Ouest, jusqu’à nouvel ordre : sous contrôle.

Centrale de Zaporijia bombardée, réacteurs à l’arrêt, réseau électrique déconnecté : sous contrôle.

Retrait organisé des forces russes pour regrouper les armées là où il faut quand il faut, selon le programme minuté depuis le début de l’opération spéciale, en attendant les avancées prévues d’après le calendrier établi : sous contrôle.

Mise en scène des chars Z détruits, faisant croire à une déroute, en vue de griser l’ennemi par l’illusion de la victoire et de provoquer un sursaut dans la population russe : sous contrôle.

Têtes nucléaires bénies par le patriarche Kirill, Dieu ne permettant jamais que la Grande et Sainte Russie soit défaite : sous contrôle.

Parkinson de la main droite du tsar Vladimir premier : sous contrôle.

vendredi 9 septembre 2022

Le narratif poutinien, 106. Funérailles planétaires

Le tsar Vladimir premier a fait savoir au monde qu’il ne se rendrait pas aux obsèques de la Reine, en raison d’un emploi du temps chargé.

La Reine pourrait profiter de sa présence pour ressusciter en tailleur jaune et bleu.

Ses corgis n’aiment pas le tsar. C’est une sale race de chiens roquets. Le tsar préfère les chiens utilisés dans l’armée russe, les mêmes qui accompagnaient les soldats nazis.

Les éphémères Présidents, révocables démocratiquement et éjectables, risqueraient de manifester à cette occasion leur jalousie à l’égard du tsar, dont le règne sera aussi long que celui de la Reine, très aimé, et dont la disparition (le plus tard possible : God save the Tsar !), fera l’objet d’un semblable hommage unanime et de funérailles planétaires, avec des fleurs jetées au passage du convoi transportant sa dépouille sacrée.



mercredi 7 septembre 2022

Le narratif poutinien, 105. Gaz et pétrole

À cause du pétrole, les prix flambent.

À cause du gaz, les prix explosent.

La guerre en Ukraine fait pression sur le prix du gaz.

Le tsar Vladimir premier a mis en garde les pays occidentaux : réduire la consommation d’énergie peut provoquer une explosion sociale.

N’oubliez pas de fermer le gaz avant de sortir.

mardi 6 septembre 2022

Le narratif poutinien, 104. Centrale de Zaporijia

Le tsar Vladimir premier a pris connaissance du rapport de l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) sur la centrale de Zaporijia. Selon ce rapport, « la situation est intenable ». Le tsar s’est fait traduire le mot anglais « untenable », ne le comprenant pas, puisque les Russes tiennent la centrale.

Le directeur général de l’AIEA, M. Grossi, prétend que « l’intégrité physique de la centrale a été violée à plusieurs reprises ». L’accusation de viol n’est pas nouvelle, portée par les médias occidentaux contre l’armée russe, mais on n’avait jamais osé un mensonge aussi énorme.

Jusqu’à présent, les experts occidentaux décadents maintenaient une frontière étanche entre le nucléaire civil et le nucléaire militaire. Les Russes ont victorieusement démoli le mur de séparation.

Un seul réacteur de la centrale marche encore, pour fournir l’énergie nécessaire au refroidissement des réacteurs. Cette idée plaît beaucoup au tsar, d’une centrale qui ne sert qu’à elle-même, sans fournir d’électricité à l’extérieur.

Pour faire face à la pénurie de gaz, de pétrole et de charbon, les pays occidentaux rouvrent leurs centrales nucléaires fermées ou en construisent de nouvelles. Ce qui est une bonne nouvelle pour de futures occupations militaires.

Vus de haut, les six réacteurs de Zaporijia ressemblent à des interrupteurs avec des boutons rouges. Le doigt du tsar le démange.
 


lundi 5 septembre 2022

Le narratif poutinien, 103. Ségolène et Matteo, citoyens russes

Le tsar Vladimir premier a signé aujourd’hui le décret qui accorde la citoyenneté russe à deux éminentes personnalités : madame Ségolène Royal et monsieur Matteo Salvini.

L’ancienne candidate à la présidence de la République française, bien qu’elle appartienne à l’Occident décadent, n’est pas dupe de la propagande ukrainienne mensongère. Elle ne s’est pas laissée abuser par « la maternité bombardée » ni par « le récit de viol d’enfant pendant sept heures sous les yeux des parents ». Comment des choses pareilles seraient-elles possibles ? Elles sont si inhumaines qu’il faut qu’elles soient inventées. Elle sait bien que les soldats russes ne sont pas capables de telles atrocités. Ce qui est monstrueux, elle l’a bien dit, ce ne sont pas ces crimes, qui n’existent pas, mais « d’aller diffuser des choses comme ça uniquement pour interrompre le processus de paix ». Il ne pourra commencer qu’au moment où les Occidentaux ne parleront plus des crimes de guerre. Le tsar propose que madame Ségolène Royal, qui n’a pas l’habitude de se taire, soit nommée modératrice dans les futures négociations de paix.

Et un autre passeport pour monsieur Matteo Salvini, dirigeant du parti d’extrême-droite italien. Il a bien compris que les sanctions contre la Russie ne servent à rien, que ses coffres se remplissent, et que les Occidentaux sont à genoux. Il a conclu, sagement, qu’il est essentiel de repenser la stratégie européenne pour sauver les entreprises, les emplois et le pouvoir d’achat. La Russie est prête à tendre la main pour relever cet homme fort à genoux. Entre hommes virils partisans d’un régime autoritaire, on s’entend pour manger les plus petits, en attendant que les forts se mangent entre eux. À la fin, c’est l’ours russe qui gagne.

samedi 3 septembre 2022

Le narratif poutinien, 102. Emploi du temps

Le tsar Vladimir premier n’a pas pu assister aux obsèques de Mikhaïl Gorbatchev, en raison d’un emploi du temps chargé.

En effet, le samedi est le jour où le tsar prépare les attaques de la semaine suivante, en piquant des punaises sur la carte de l’Ukraine, ici un hôpital, là une école, là-bas une gare, tiens pourquoi pas.

Il est aussi très occupé avec les ingénieurs qui mettent au point des ventilateurs géants destinés à pulser de l’air très froid, depuis la Sibérie, vers les pays occidentaux, pendant toute la période hivernale.

En outre, il a signé des invitations officielles proposant le droit d’asile en Russie à l’imam Hassan Iquioussen, antisémite et misogyne, passé en Belgique, et à ce jeune homme courageux qui a poignardé Salman Rushdie, en fonction de l’adage « les ennemis de mes ennemis sont mes amis ».

Et même s’il avait eu le temps, a dit le tsar à ses proches, il n’y serait pas allé : le dernier président de l’URSS a été le dernier des derniers.