jeudi 26 janvier 2017

Pénélope


En attendant Ulysse, et pour tenir éloignés les prétendants, Pénélope déliait la nuit ce qu’elle tissait le jour. Résultat nul, pour la bonne cause. Mais faire et défaire, c’était quand même travailler.

Selon un journaliste, l’actuel président des États-Unis « détricote » les réformes du précédent. Pénélope Trump ?

Je me souviens que Brassens avait eu l’audace de faire rimer « Pénélopes » et « salopes », dans Les Trompettes de la renommée. C’était choquant, cette rime riche pour le son et renversante quant au sens.

samedi 21 janvier 2017

Trump for President


Walt Disney s’est trompé dans le casting de sa dernière superproduction : au lieu de Donald, il a engagé un Mickey.

Pendant quatre ans, les anti-américains primaires n’auront plus à se faire passer pour des anti-américains secondaires.

Les mêmes journalistes qui n’avaient rien vu venir ont ensuite expliqué que Trump n’appliquerait pas son programme. Encore raté.

Comme tous les bouffons de théâtre, il arrive à celui-ci de dire des vérités qu’on aurait préféré ne pas entendre.

Comment expliquer à des esprits simplistes que la réalité est complexe, avec des idées qu’ils peuvent comprendre ?

La présidence de Trump sera une chance pour les analystes du discours politique. Le président produira pendant son mandat plus de figures de rhétorique que les quarante-quatre présidents précédents. Sa notion de « truthful hyperbole » (hyperbole véridique) repousse déjà les limites de l’oxymore.

Avec un président caricatural, les caricaturistes se retrouveront au chômage : il sera difficile d’en rajouter pour accentuer le trait. Il arrive ainsi que le caricaturé dépasse la caricature.

À mesure que les US se renfermeront dans leurs frontières, la frontière entre réel et fiction, erreur et vérité, n’aura jamais été aussi poreuse, et en perpétuel déplacement.

mardi 17 janvier 2017

La politique du tweet


La politique se fait désormais par des tweets de 140 caractères. « Je déclare la guerre à… » : il reste encore de l’espace pour indiquer la cible. Fini les discours, les lettres diplomatiques, et les notes de synthèse. Mais il y a des antécédents célèbres dans l’Histoire : Veni, vidi, vici ; la Dépêche d’Ems, très condensée ; et le mot de Cambronne à Waterloo, qui tenait en cinq caractères.

L’agression vis-à-vis des journalistes est devenue un exercice obligé de la part des intellectuels et des politiques : Bourdieu ne les ménageait guère, aujourd’hui Onfray, et tous les candidats aux primaires, de l’extrême droite à l’extrême gauche, en passant par Fillon. Le spectateur-électeur, qui n’accorde guère de crédit aux journalistes, applaudit de les voir bousculés, jusqu’à flairer la posture, celle qui est censée plaire à l’électeur et rapporter des voix. Les coups qu’on se porte au Théâtre de Guignol n’amusent que les enfants.

Le « plafond de verre » ? Mais pourquoi veulent-ils tous le « crever » ? Ils risquent de se couper, et d’être mouillés s’il se met à pleuvoir.

dimanche 8 janvier 2017

Les beaux yeux de la biche


« T’as de beaux yeux, tu sais », « Ma biche ». Deux actrices disparaissent, Michèle Morgan, Claude Gensac, et pour toute nécrologie on ne trouve à citer qu’une réplique prononcée par un de leur partenaire masculin. Misère du « deuxième sexe » au cinéma. Ces yeux-là n’ont pas eu la parole, et la biche a été tuée par le chasseur.

Les sondeurs politiques se sont trompés, s’excusent-ils, parce que les résultats se trouvaient « dans la marge d’erreur ». C’est un peu comme la vie : la possibilité de son apparition et de sa disparition est toujours « dans la marge d’erreur ».

De temps en temps, il faudrait pouvoir se quitter quand on ne se supporte plus, avec toutefois la certitude consolante de se retrouver le lendemain au réveil, après une bonne nuit.