dimanche 24 mars 2019

Alerte aux lanceurs


Dans une époque du chacun pour soi, il est suspect qu’un individu préfère l’intérêt général à son intérêt particulier. Il faut donc que le lanceur d’alerte cache une motivation inavouable sous son apparent dévouement au service du public.

Un grand et gros avocat, à juste titre, jetait la suspicion sur tel lanceur d’alerte qui avait trahi la confiance de son employeur (paroles d’avocat), après avoir tenté de monnayer son silence. La démonstration est faite que tous les lanceurs d’alerte sont des maîtres-chanteurs refoulés.

On voudrait faire des lanceurs d’alerte les héros des temps modernes dominés par la corruption du néo-capitalisme financier, alors qu’ils en sont les produits les plus avariés.

Comment croire ces inconscients quand ils affirment obéir à leur conscience, et placer la morale au-dessus de leur avancement dans la carrière ?

Si on considérait comme honnêtes les lanceurs d’alerte, il faudrait tenir les patrons des entreprises qu’ils dénoncent pour malhonnêtes, ce qui ne se peut dans une économie mondialisée qui doit inspirer la confiance pour être bien cotée en bourse. (Avec l’aide de Montesquieu.)

Jusqu’à quelle extrémité ne pousse pas le désir du quart d’heure warholien de célébrité ?

dimanche 10 mars 2019

Les cris du marché


Le poissonnier : « Pour l’alimentation, on préfère avoir le soleil dans le dos. »

Un client cheveux au vent : « C’est le jour où les poubelles volent. »

Un autre client, chez le marchand de fruits et légumes : « Si tu vas chez Leclerc, tu payes à chaque fois que tu passes à la caisse. »

Le charcutier Chez Guy-Guy : « Une journée sans boudin, c’est une journée chagrin. Mon andouille, j’ai une belle andouille, qu’est-ce qu’elle est belle mon andouille ! Et ma poitrine, j’ai aussi une belle poitrine ! »

samedi 2 mars 2019

Gilets jaunes, acte qui précède le suivant

Paroles de journalistes :
Les Gilets jaunes se sont élancés.
Pour l’instant, tout se passe dans le calme (variante : dans un climat bon enfant).
Entre les manifestants et les policiers, c’est le jeu du chat et de la souris (vieux : du gendarme et du voleur).
La situation se tend, la situation est tendue.
« La dispersion est difficile parce qu’il y a des provinciaux qui ne connaissent pas forcément bien Paris » (BFMTV, acte XV).








Les manifestants étonnent une marseillaise.
Il en faudrait sans doute plus. Mais il est étonnant, en effet, que la Marseillaise ait remplacé l’Internationale, dans les luttes. C’est une révolte franco-française, au nom des valeurs de la République, les drapeaux bleus blancs rouges sont brandis ou servent de capes, les slogans s’écrivent souvent en suivant les trois couleurs.

Chaîne d’info en continu cherche des experts (m/f, femmes souhaitées car on a du mal à faire un plateau à parité) prêts à dire que le phénomène des Gilets jaunes échappe à leur grille d’expertise.

Ils marchent, ils marchent, ce n’est pas pour aller s’immobiliser sur les bancs d’une Assemblée. Ils regardent devant eux, et on voudrait qu’ils lèvent les yeux vers un Chef.

Le système néolibéral a pulvérisé la société en autant de consommateurs personnalisés qu’il y a d’individus physiques. Et on voudrait que ces sujets renoncent désormais à leur moi-je pour déléguer leur voix à un porte-parole et aliéner leur vote à des représentants. Les politiques sont restés à l’âge où l’on faisait crier les décisions par les gardes-champêtres devant les sujets en cercle, alors que les réseaux sociaux ont supprimé le centre, le point haut de la pyramide et le premier de cordée.

Pendant la période des manifestations des GJ, les statistiques à venir remarqueront que les suicides étaient en baisse.

Le Cacatov a été inventé sur le modèle du cocktail Molotov : à la portée de tous, pas cher, biodégradable, très efficace comme engin de désencerclement, pour repousser l’ennemi. Flaubert avait inventé (ou trouvé dans les sources antiques) de telles munitions : « Un redoublement de fureur animait les Barbares. […] Ils imaginèrent de mettre dans les catapultes des vases pleins de serpents apportés par les Nègres […] ; ils lançaient toutes sortes d’immondices, des excréments humains, des morceaux de charogne, des cadavres. La peste reparut » (Salammbô, chap. XIII, « Moloch »).