mardi 21 août 2018

L’été tire à sa fin


Il faut savoir gré aux sans-culotte d’avoir pris la Bastille un 14 juillet et à la Vierge Marie d’être montée au Ciel un 15 août, si bien que les Juillettistes et les Aoûtiens bénéficient à égalité d’un feu d’artifice, tiré au milieu de leur mois de vacances respectif.

C’est pendant nos flâneries estivales que peut s’apprécier pleinement le travail des nouveaux architectes paysagistes de nos jardins publics. Ils ont coupé tous les arbres malades, mais aussi les arbres qui sont susceptibles d’être attaqués par un champignon mortel, et encore les arbres qui, dans vingt ans, ne seront plus adaptés au réchauffement climatique. Ils ont remplacé les fleurs par des herbes folles, plus naturelles dans leur savant désordre, et surtout sans entretien. Enfin, ils ont supprimé tous les bancs à deux places pour les remplacer par des chaises individuelles fixées au sol, au cas où un passant fatigué aurait l’idée saugrenue de s’allonger comme un clochard.

L’été 2018 restera celui des effondrements : un pont, le cours de Bayer-Monsanto en Bourse, le 10e anniversaire de la faillite de Lehman Brothers qu’on fête en famille, la popularité des politiques. Mais il n’y a pas de raison de désespérer : Ulysse est rentré à Ithaque.

On s’étonnait que #MeToo ne s’accorde qu’au féminin. L’agressée agresseuse nous rappelle opportunément que le harcèlement est moins une affaire de sexe que de domination sociale, cet insupportable rapport de pouvoir pouvant fonctionner quel que soit le genre. On attend de lire sous peu dans un grand journal du soir une tribune signée par une centaine d’hommes célèbres réclamant la liberté d’être agressés sexuellement par des actrices.

lundi 6 août 2018

Chienne de canicule


Dans les médias français, Benalla a chassé les Bleus, la Canicule a chassé Benalla. Sur le front de l’actualité estivale, les contre-feux s’allument vite. Les marronniers des journalistes arrivent avant l’automne : chauds, chauds, les marrons chauds, cette année.

Canicule : « Empr. au lat. canicula subst. fém., dimin. de canis, proprement “petite chienne” terme d’astron. » (Trésor de la langue française). Il nous semblait bien, aussi, que c’était un diminutif. Les prévisions alarmistes pour les années à venir imposeraient un augmentatif, du genre « grande chienne ».

Alerte canicule : c’est quand mes nuits sont plus chaudes que vos jours.

« La maison brûle et nous regardons ailleurs » (Jacques Chirac, discours de Johannesburg, 2 septembre 2002). Il a fallu une quinzaine d’années pour que le sens métaphorique devienne littéral, et que nous soyons dans la maison qui brûle.

La climatisation sert à supporter les hautes températures. Les hautes températures sont dues à l’effet de serre. L’effet de serre est accru par la climatisation. La climatisation, etc.

La radio nous le répète : « Pensez à prendre régulièrement des nouvelles de vos proches, en particulier des personnes vulnérables. » Je fais le tour de mes petits vieux. Ils sont au frais, merci, ils peuvent se passer de mes services. Mais voici que mon téléphone sonne : l’un de mes enfants vient prendre de mes nouvelles.

« Un pic historique de 52,9° C a été enregistré dans la vallée de la Mort » (Le Monde, 28 juillet 2018). Bientôt, la vallée n’aura plus le privilège de ce nom. Les Anciens auraient considéré ces fortes chaleurs comme un salutaire avertissement à nous préparer au feu de l’Enfer. Mais nous sommes désormais athées comme des climatologues rationalistes. Seul Donald Tweet Trump continue à croire en Dieu, qui fait la pluie et le (trop) beau temps, indépendamment des hommes qui vont au charbon.