mardi 9 février 2016

Bibliothèque


Ce livre dans lequel j’ai publié autrefois quelques pages, je le cherche depuis plusieurs années. À quel mauvais emprunteur ai-je pu le prêter ? Il ne figure pas dans le petit cahier où je consigne maniaquement les livres qui sortent d’ici. Après si longtemps, on peut le considérer comme perdu. Je me décide à le racheter, au prix fort, content qu’il soit encore disponible chez l’éditeur. Je le récupère à la poste hier matin. Et le soir même, je le retrouve dans la bibliothèque, en rangeant un autre livre, sur l’étagère qui jouxte celle où il aurait dû être posé. Comme dirait un croyant qui voit dans cette coïncidence une preuve de la Providence : expliquez-moi ça. Que faire du livre en trop ? Le donner ? Le garder au cas, fort probable, où le volume s’égarerait à nouveau ? Mais où ranger ce deuxième exemplaire de secours, pour être sûr de le récupérer si le premier manquait encore à sa place ?


Trop plein de livres : je les regarde désormais en ennemis envahissants. Comment s’en débarrasser, intelligemment ? À qui les donner, un par un, ou par lots, pour qu’ils reprennent du sens en d’autres mains ? La Princesse n’est pas pour rien dans ce désir de faire le vide, ou du moins de la place. Geste du père qui aérait les carottes semées à la volée, en épilant neuf poils verts sur dix pour qu’un seul grandît. Il appelait cela dédruire, pas détruire : dédruire. Le soulignement rouge de Word m’apprend que ce mot ne se trouve pas dans les dictionnaires usuels. Une petite recherche sur Internet le fait pourtant apparaître, avec sa définition (« éclaircir un semis trop serré », ça je savais) et sa localisation dans le patois mantois (région de Mantes-la-Jolie). Comment était-il passé du Mantois au Beauvaisis ?


Aucun commentaire: