vendredi 8 mai 2020

Journal insignifiant d’un con, finement (43)


Les balcons des théâtres n’étant plus garnis, c’est aux balcons des immeubles que se joue désormais la comédie humaine, avec toujours la même fonction sociale : voir et être vu.

On craignait une année noire pour la culture, mais les intermittents du spectacle ne s’en sortent pas trop mal avec le décret d’une année blanche.

Refrain des blogs d’écrivains : quelle littérature sortira, etc. ? Dans l’immédiat, on oscille entre le nombrilisme des écrits à la première personne et la symphonie des créations collectives par addition des solistes confinés. Mais après ? Les guerres et les bouleversements historiques ont donné des épopées et des romans : L’Iliade, Les Chouans, Quatre-ving-treize, L’Éducation sentimentale, La Débâche, Le Voyage au bout de la nuit. Parce que c’étaient des événements collectifs vécus collectivement, et non chacun pour soi. Mai 68 n’a pas accouché d’une grande œuvre. Trop individualiste, déjà ?

La Peste n’est pas le roman d’une épidémie, mais la métaphore de la peste brune. C’est encore l’Histoire qui a fait écrire, pas la maladie.

Des histoires de couples séparés par le confinement, ou qui se séparent après le déconfinement, des femmes et des enfants battus, des vieux qui meurent seuls, rien que de l’individuel, alors que la pandémie, mondiale, produit de la mondialisation et révélant ses méfaits, mériterait un roman-monde, une épopée, une saga, avec du souffle. Attendons.

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