mardi 28 avril 2020

Journal insignifiant d’un con, finement (37)


Il est à craindre que les forces de l’ordre souffrent actuellement d’un sous-entraînement physique chronique.

Ce n’est pas leur confinement qui est en cause (ils peuvent sortir sans remplir l’attestation de déplacement dérogatoire), mais celui de la population. Le problème se pose en effet pour eux de garder la forme dans une période sans affrontement avec des manifestants. Ils ont connu une période faste de musculation, avec la loi travail, les Gilets jaunes, les défilés des personnels soignants.

Pour ne pas perdre complètement la main, il leur arrive encore de frapper à coups de muselière un malade mental jeté à terre, ou un Arabe repêché dans la rivière. Mais ce sont menus fretins à côté des costauds qui manifestent le samedi. Verbaliser une vieille qui va faire coucou à son vieux par la fenêtre d’un Ehpad ou un fils qui veut s’incliner sur la dépouille de son père permet de se rassurer dans la certitude que la force reste à la loi, mais c’est quand même un peu déprimant pour de grands gaillards habitués à exercer la violence légitime de l’État.

Cette période d’inaction ne manquera de peser dans les corps, comme pour tous les sportifs, quand il faudra reprendre du service dès que les héros du quotidien, applaudis aujourd’hui, descendront dans la rue pour réclamer leur dû. Alors, les jambes risquent d’être cotonneuses à la course, et les bras un peu mous en brandissant les matraques.

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