vendredi 28 septembre 2018

Origines


Le monde avait son origine inconnue, peinte sous X. Il a désormais retrouvé sa tête. Le sexe peint par Courbet ressemblait à tous les sexes de femme (enfin presque), le visage de Constance Quéniaux n’appartient qu’à elle. L’identification à une personne, au nom assez ridicule, se paie d’une perte de généralité. Le plaisir du voyeur va se compliquer d’une jouissance d’esthète, consistant à remembrer cette tête photographiée sur ce buste peint. Comment jointoyer les deux ?


Cette histoire peut servir d’allégorie à la rencontre de la photographie et de la peinture : Courbet peint l’intérieur coloré, vivant ; Nadar photographie l’apparence bistre, comme éteinte.

« Le visage qui se cache derrière ce nu féminin vient d’être dévoilé » (LCI, 26 septembre). Pourtant, L’Origine du monde n’avait rien à cacher.

Certains enfants nés sous X veulent savoir ; ils revendiquent le droit d’accès à leur origine. Inversement, les enfants dont les parents ne laissent aucun doute, hélas, auraient-ils le droit d’effacer la leur ?

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