lundi 17 mars 2025

Les pervers laissent des carnets

Si le chirurgien Joël Le Scouarnec n’avait pas minutieusement consigné ses faits et gestes dans des carnets intimes, pendant 25 ans, de 1989 à 2014, en indiquant le nom, l’âge, l’adresse de ses 299 petites victimes, et surtout les sévices qu’elles subissaient, ni vu ni connu, elles n’en auraient rien su et lui coulerait une paisible retraite mélancolique.

Les pervers gardent des traces écrites, ou filmées, comme Dominique Pelicot, ils sont trop méticuleux, ils veulent enfermer leurs victimes dans des boîtes, se souvenir, on oublie si vite ses crimes, surtout quand ils se répètent sans grandes variations, se repasser les scènes en solitaire, et finalement être découverts, ne pas rester impunis, témoigner, qu’on sache enfin qui ils sont, et qu’ils l’apprennent de la bouche des autres.

Henri Désiré Landru avait aussi un petit carnet où il notait des noms, des dates et des heures, un registre pour ses achats de scies à métaux et de charbon, beaucoup de charbon.

Plusieurs éditeurs ont déjà fait des offres au greffe du Tribunal pour publier les journaux intimes de Joël Le Scouarnec, peut-être pas l’intégralité, ce qui remplirait un nombre considérable de volumes, mais au moins un choix.


Dessin paru dans Le Monde

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