dimanche 10 décembre 2023

Gaza, poètes en guerre, guerre aux poètes

Le poète palestinien Refaat Alareer est mort là où il voulait continuer à écrire, au nord de la bande de Gaza. Les journalistes qui couvrent la prose de la guerre n’en ont pas parlé.
Son dernier poème est son testament.
Si je dois mourir,
tu dois vivre
pour raconter mon histoire
pour vendre mes affaires
pour acheter un bout de tissu
et des ficelles,
(fabrique-le blanc avec une longue queue)
pour qu'un enfant quelque part à Gaza
en regardant le ciel dans les yeux
en attendant son père parti en flammes —
sans un adieu
pas même à sa chair
pas même à lui-même —
voie le cerf-volant, celui que tu m’as fabriqué, voler là-haut
et croie un instant que c’est un ange
qui ramène l'amour
Si je dois mourir
qu’il apporte l'espoir
qu’il devienne un conte
(Traduction de Danielle Wargny)
L’armée israélienne rémunère des conseillers poétiques pour nommer ses opérations militaires : « Plomb durci » (2008-2009), « Pilier de défense » (2012), « Bordure protectrice » (2014), « Gardien des murs » (2021). Ils sont également chargés d’écrire les chants patriotiques et les éloges funèbres.

Les hauts gradés manient la métaphore avec un certain sens de l’à-propos. Lors des funérailles de Gal Eizenkot, le fils de l’ancien chef d’état-major Gadi Eisenkot, le ministre au sein du cabinet de guerre Benny Gantz a osé cette image forte : « Lorsque nous avons approuvé les plans, nous connaissions leur signification, nous savions que les flèches sur les cartes pouvaient devenir des flèches dans le cœur. »

Au concours de poésie, le Hamas n’est pas en reste : son Homère officiel, qui chante les guerres, a baptisé l’opération du 7 octobre 2023 « Déluge d’al-Aqsa ».



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