samedi 2 mars 2019

Gilets jaunes, acte qui précède le suivant

Paroles de journalistes :
Les Gilets jaunes se sont élancés.
Pour l’instant, tout se passe dans le calme (variante : dans un climat bon enfant).
Entre les manifestants et les policiers, c’est le jeu du chat et de la souris (vieux : du gendarme et du voleur).
La situation se tend, la situation est tendue.
« La dispersion est difficile parce qu’il y a des provinciaux qui ne connaissent pas forcément bien Paris » (BFMTV, acte XV).








Les manifestants étonnent une marseillaise.
Il en faudrait sans doute plus. Mais il est étonnant, en effet, que la Marseillaise ait remplacé l’Internationale, dans les luttes. C’est une révolte franco-française, au nom des valeurs de la République, les drapeaux bleus blancs rouges sont brandis ou servent de capes, les slogans s’écrivent souvent en suivant les trois couleurs.

Chaîne d’info en continu cherche des experts (m/f, femmes souhaitées car on a du mal à faire un plateau à parité) prêts à dire que le phénomène des Gilets jaunes échappe à leur grille d’expertise.

Ils marchent, ils marchent, ce n’est pas pour aller s’immobiliser sur les bancs d’une Assemblée. Ils regardent devant eux, et on voudrait qu’ils lèvent les yeux vers un Chef.

Le système néolibéral a pulvérisé la société en autant de consommateurs personnalisés qu’il y a d’individus physiques. Et on voudrait que ces sujets renoncent désormais à leur moi-je pour déléguer leur voix à un porte-parole et aliéner leur vote à des représentants. Les politiques sont restés à l’âge où l’on faisait crier les décisions par les gardes-champêtres devant les sujets en cercle, alors que les réseaux sociaux ont supprimé le centre, le point haut de la pyramide et le premier de cordée.

Pendant la période des manifestations des GJ, les statistiques à venir remarqueront que les suicides étaient en baisse.

Le Cacatov a été inventé sur le modèle du cocktail Molotov : à la portée de tous, pas cher, biodégradable, très efficace comme engin de désencerclement, pour repousser l’ennemi. Flaubert avait inventé (ou trouvé dans les sources antiques) de telles munitions : « Un redoublement de fureur animait les Barbares. […] Ils imaginèrent de mettre dans les catapultes des vases pleins de serpents apportés par les Nègres […] ; ils lançaient toutes sortes d’immondices, des excréments humains, des morceaux de charogne, des cadavres. La peste reparut » (Salammbô, chap. XIII, « Moloch »).

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