jeudi 22 mars 2018

SNCF


Dans un journal, je n’ai pas noté lequel : « Philippe promet de réformer la SNCF à grande vitesse. » L’ambiguïté du complément (« à grande vitesse » se rapporte aussi bien à SNCF qu’à la réforme), l’image du TGV pour caractériser le tempo politique « naturalisent » en quelque sorte la décision politique : il semble normal d’appliquer à la SNCF un régime qui appartient à son identité. L’image interne enferme et rend acceptable le train de mesures : on a bien dû la faire aussi, celle-là. Le chemin de fer est un grand pourvoyeur d’images, sans doute parce qu’il a forgé l’identité de la nation.

On a coupé le rail en deux (les infrastructures d’un côté, le matériel roulant de l’autre), on a rapproché les villes à grande vitesse et décroché les campagnes, on a déchargé le fret vers les camions, et ceux qui ont fait dérailler la locomotive s’étonnent que ça marche moins bien.

Les gares de triage, ces grands « nœuds » ferroviaires, sont devenues des cimetières de locomotives, qui pourrissent là en attendant un désamiantage trop onéreux. Il arrive même qu’entre les files de locomotives attachées les unes derrière les autres comme des trains complets, on retrouve un vieux cheminot pendu.

Les cheminots ont été les premiers et les plus grands résistants. C’est peut-être cet esprit de résistance qui déplaît aux gouvernements, quels qu’ils soient. En cas de nouvelle occupation, eux une fois cassés, qui s’opposerait ?

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