lundi 12 décembre 2016

Automne


La troisième saison inspire, plus que le printemps (trop précoce), plus que l’été (trop violent), et plus que l’hiver (quatrième âge).

Automne / monotone : rime pour l’oreille et pour le sens.

Quand on est jeune, on se récite du Chateaubriand (« au sourd mugissement de l’automne »), du Baudelaire (« C’était hier l’été, voici l’automne »), du Verlaine (« Les sanglots longs »), de l’Apollinaire (« Mon automne éternel, ô ma saison mentale »). Et puis, il arrive un âge où l’on prend garde de ne pas glisser sur les feuilles mortes.

« Les feuilles mortes se ramassent à la pelle. » Mon voisin objecte qu’on ne ramasse pas les feuilles mortes avec une pelle, mais avec un râteau ou un souffleur-aspirateur. Prosaïquement, il n’a pas tort, mais comme il débite des sottises à la pelle, je me dis qu’au figuré, il n’a peut-être pas raison.

L’exposition « Spectaculaire Second Empire », au Musée d’Orsay, se termine par un tableau de James Tissot intitulé L’impératrice Eugénie et le prince impérial dans le parc de Camden Place. La fête impériale est terminée, l’Empereur est mort, la veuve et son fils posent, en exil, dans un parc saturé d’automne, où tout est couleur de rouille, les feuilles restées sur les branches, les feuilles au sol, et même ce tapis de salon, couleur rouille aussi, absurdement déroulé sur le tapis de feuilles pour protéger les pieds impériaux, le tout baigné dans la mélancolie douce d’une fin d’époque.

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