lundi 9 janvier 2012

Faire écrire

Sans doute avons-nous changé d'époque politique quand les dirigeants ont fait appel à des nègres diplômés (Normale Sup, ENA) pour rédiger leurs discours. On est passé du temps des auteurs à celui des interprètes, des performers, au fond interchangeables.

Mitterrand avait commencé, mais au moins c'était un secret d'état, aussi bien gardé que la maladie du Président. Eric Orsenna s'était fait taper sur les doigts, si je me souviens bien, quand il avait fait (laissé?) savoir qu'il écrivait à sa place certains discours.

Aujourd'hui, tout le monde sait que l'actuel Président n'écrit pas. Il ne s'en cache pas. Il s'en vanterait même. Une certaine forme d'honnêteté n'est pas éloignée du cynisme. Personne ne s'en étonne. C'est devenu le régime normal de la parole politique. Le citoyen trouvera bientôt inconvenant qu'un Président rédige lui-même ses discours: perte de temps, péché d'intellectualisme, vieux conflit entre la parole et l'action. Pour disqualifier l'opposition, dire: ils parlent, et nous agissons.


PS. Dimanche 22 janvier, Le Bourget. Discours de François Hollande. «Hollande écrit lui-même ses discours», dit son entourage. Les journalistes reprennent: il a mis deux ou trois jours à écrire lui-même son discours. Désormais, être l’auteur de ce que l’on dit ne va plus de soi. Il faut le préciser.


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