mardi 12 avril 2022

Le narratif poutinien, 24. En miroir

Le destin glorieux du futur tsar Vladimir premier s’est forgé dans la rue, quand il se bagarrait avec la racaille de Léningrad, par les répliques en miroir (« c’est pas moi, c’est toi »), le déni (« même pas mal »), et le jusqu’au-boutisme (« je t’écraserai comme une merde »).

Il a fallu de longues années pour qu’Alan Turing mette au point sa machine à casser le code Enigma utilisé par les nazis. Celui qu’utilise la langue poutinienne est beaucoup plus simple, à la portée d’un enfant. Comme dans les cours de récréation, il suffit de dire l’inverse.

La grammaire poutinienne se réduit à quelques règles, faciles à retenir.
1) L’inversion sémantique : « la guerre » devient « une opération spéciale », « l’agresseur » devient « l’agressé », etc.
2) La négation de l’énoncé : « l’armée russe a bombardé la gare de Kramatorsk » devient « l’armée russe n’a pas bombardé la gare de Kramatorsk ».
3) La substitution symétrique : « l’armée russe a bombardé la gare de Kramatorsk » devient « l’armée ukrainienne a bombardé la gare de Kramatorsk ».
4) Le renversement de la voix active en voix passive : « la Russie agresse l’Ukraine » devient « la Russie est agressée par l’Ukraine ».

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