lundi 30 octobre 2023

De plus en plus

Une situation n’est jamais à ce point désespérée qu’elle ne puisse être « de plus en plus désespérée ».

Quand tout sera rasé, les bombardements se feront encore « de plus en plus intenses ».

Plutôt tout détruire que de laisser quelque chose à partager.

Il est inutile de prévoir « le jour d’après » : il n’y en aura pas.


 

dimanche 29 octobre 2023

Petit additif au traité de Carl Clausewitz, «De la guerre»

La guerre n’étant pas suffisamment un crime, on a dû inventer la notion de crimes de guerre.

Chez l’ennemi, il n’y a jamais de civils, rien que des militaires déguisés, des femmes qui couchent avec les militaires pour faire des enfants qui deviendront des militaires.

Quand on est fort, le droit d’attaquer n’a même plus besoin de se faire passer pour le droit de se défendre.

L’homme moderne, c’est l’homme des cavernes, doté de la bombe atomique.

Les guerres d’autrefois étaient existentialistes : on s’y engageait pour défendre sa liberté. Les guerres modernes sont existentielles. L’ennemi, c’est celui qui n’a pas le droit d’exister, et on tuera jusqu’au dernier.


 

dimanche 22 octobre 2023

Israël / Gaza : comptes et décomptes

En 2011, le soldat israélien Gilad Shalit a été échangé contre 1.027 prisonniers palestiniens.

Actuellement, 212 otages israéliens sont retenus dans la bande de Gaza. Les négociations portent donc sur un échange contre 212 x 1.027 = 217.724 prisonniers palestiniens. Or Israël détient environ 4.500 prisonniers palestiniens. Il faut qu’Israël en capture 217.724 – 4.500 = 213.224 pour que la négociation ait une chance d’aboutir.

Les terroristes du Hamas ont tué environ 1.400 personnes sur le territoire israélien. Si l’on se base sur les chiffres de l’échange dont a bénéficié le soldat Gilad Shalit, un Israélien vaut 1.027 Palestiniens. Il faut donc que l’armée israélienne tue 1.400 x 1.027 = 1.437.800 Palestiniens dans la Bande de Gaza pour que la balance retrouve son équilibre.

À ce jour, les bombardements de Tsahal n’ont fait que 4.651 mort dans la bande de Gaza. Il reste donc 1.437.800 – 4.651 = 1.433.149 Palestiniens à tuer. La population totale de la bande de Gaza se montant à 2.230.000 d’habitants, elle comptera encore 2.230.000 – 1.433.149 = 796.851 Gazaouis, dont sans doute des centaines de terroristes. Les pourparlers de paix pourront alors commencer.

jeudi 19 octobre 2023

Le narratif poutinien, 150. Au nom de l’humanité

Depuis Pékin, le tsar Vladimir premier renouvelle sa proposition de médiation dans la crise de Moyen-Orient, pour mettre fin à la tragédie et éviter la catastrophe, d’un point de vue humanitaire.

Il rappelle aux belligérants quelques règles simples.

Il est permis de viser des cibles civiles, puisque tous les civils peuvent devenir des militaires, que les hôpitaux soignent des soldats blessés et que les écoles accueillent des enfants qui deviendront des guerriers ennemis.

Pour éviter les crimes contre l’humanité, il suffit de décider que l’ennemi n’est pas humain.

Le droit de la guerre n’existe que pour les faibles ; les forts ont le droit de faire la guerre.

dimanche 15 octobre 2023

Il cherchait un professeur d’histoire

L’ancien élève au couteau cherchait un professeur d’histoire. Pourquoi d’histoire ? Parce qu’il est le gardien de la mémoire.

Mais un professeur d’une autre matière aurait pu convenir.
Un professeur de philo, parce qu’il interroge sur qui tu es et pourquoi tu agis.
Un professeur de géo, parce qu’il te démontre que la terre n’est pas plate.
Un professeur de maths, parce que tu ne peux pas contester que deux et deux font quatre.
Un professeur de biologie, parce qu’il enseigne l’évolution.
Un professeur de sport, parce qu’il fait cours aux filles.

Finalement, c’est un professeur de français qui a pris le couteau. Il avait bien dû se rendre coupable un jour d’expliquer un extrait du Traité de la tolérance de Voltaire.

samedi 14 octobre 2023

Ordre d’évacuation

Ces papiers tombés du ciel, les Gazaouis en voient de toutes les couleurs. Ils sont imprimés en arabe, avec un dessin en dessous pour les Arabes qui ne comprennent pas l’arabe.

On lit à peu près (de haut en bas et de droite à gauche) :
« La bande de Gaza est peuplée d’une bande de Gazaouis.
Parmi eux se cachent des terroristes du Hamas.
Pour faire le tri, les non-terroristes sont invités à quitter le nord de la bande de Gaza pour se rendre dans le sud. Même si on lit de droite à gauche, les flèches sont orientées du nord vers le sud.
Les deux flèches correspondent à deux couloirs : celui du haut sera emprunté par les veuves et les orphelins, celui du bas par les vieillards et les infirmes. Les terroristes du Hamas resteront dans la partie nord, en attendant l’armée israélienne.
Quand l’armée israélienne aura détruit tout ce qui dépasse hors du sol et anéanti les terroristes du Hamas jusqu’au dernier, toute la population massée au sud sera invitée à remonter vers le nord, et le même processus sera mis en œuvre au sud.
Ainsi les Palestiniens pourront vivre en paix dans un territoire nettoyé. »
Sur un papier retrouvé empalé au bout d’une béquille, une main facétieuse (sans doute un coiffeur réserviste) a écrit : « Demain, on rase gratis. »


 

vendredi 13 octobre 2023

Une prison à ciel ouvert

« Le prisonnier songe plus souvent à se sauver que le geôlier à fermer sa porte » (Stendhal, La Chartreuse de Parme, chap. XIX).

Les geôliers de la prison à ciel ouvert, clôturée de toutes parts, auraient pu prévoir qu’on s’en évaderait par le ciel, en chevauchant des ULM.

Le « dôme de fer » est censé protéger les populations qui vivent à l’extérieur de la prison. Mais on a négligé de construire un autre dôme de fer au-dessus de la prison elle-même pour couper la route du ciel, en déployant un grillage de 365 km2, tendu de minaret en minaret.

Où aller ? À l’est, une barrière de sécurité ; au nord, une clôture fortifiée ; au sud, un chekpoint fermé et bombardé ; sous terre, des tunnels bourrés de munitions ; vers le haut, des bombes qui pleuvent. Reste l’ouest, la mer Méditerranée grande ouverte, avec ses eaux chaudes, heureusement.

Les armées israéliennes poétisent le ciel en lançant des confettis.



mercredi 11 octobre 2023

Bande de Gaza

Du point de vue de l’aménagement du territoire israélien, la langue de terre appelée « bande de Gaza », qui occupe une position géographique enviable au bord de la mer Méditerranée, est une anomalie. Une fois rendu à la nature après la démolition des immeubles qui artificialisent le sol, et débarrassé des animaux sauvages qui le peuplent, ce territoire pourra devenir un lieu touristique attractif pour une riche clientèle venue du monde entier : les quarante kilomètres de long du quadrilatère céderait la place à un parc d’attraction doté d’une plage ininterrompue, où il ferait bon se baigner toute l’année dans une eau chaude. Une barre d’immeubles de luxe suivrait la ligne droite du littoral. Derrière cette barre, vers l’est, dans l’épaisseur des 6 à 12 kilomètres de large, on verrait bien un parking et une forêt, qui servirait de poumon de la terre.

Grâce aux arbres plantés où s’élevaient des tours, les Gazaouis céderont bientôt la place au gazouillis des oiseaux.

Quant à la Cisjordanie, qui a la forme d’une très grosse graine de haricot mitée par des vers, les urbanistes réfléchissent à un projet de colonisation par des cultures vivrières, pourquoi pas des cultures de haricots.

dimanche 8 octobre 2023

Le narratif poutinien, 149. La retenue

Le tsar Vladimir premier appelle à la « retenue » après les attaques du Hamas contre Israël. Ennemi des conflits, il propose de jouer un rôle de médiation entre les deux camps. Il fait ainsi un pas décisif vers sa candidature au prochain Prix Nobel de la Paix.

Le tsar envie ses amis Israéliens de pouvoir couper l’électricité aux Palestiniens juste en appuyant sur un bouton, alors qu’ailleurs il est nécessaire de détruire méthodiquement les centrales, les transformateurs et le réseau de distribution pour plonger l’ennemi dans le noir et le froid.

Le tsar remercie ses amis du Hamas d’accaparer l’attention des médias occidentaux, qui vont désormais détourner le regard de la scène où se produit un ancien clown déguisé en couleur kaki. Et quand un clown n’a plus de public, il cesse d’exister.

dimanche 1 octobre 2023

Ma petite est comme

Emmanuelle Béart a été victime d’inceste entre l’âge de 10 et de 14 ans. Elle précise que son agresseur n’était pas son père, poète, chanteur, collectionneur de revues pornographiques.

Quand la petite Emmanuelle a commencé à se faire violer, en 1973 donc (elle est née en 1963), son père chantait, en grattant sa guitare, « Les temps sont doux », « L’histoire sans histoire » et « Couleurs du temps ». Sa fille en voyait de toutes les couleurs.

À la fin de son calvaire, en 1977, son père chantait, en faisant poum poum poum sur sa guitare, « L’avenir c’était beau hier ». Là, il avait dû commencer à se rendre compte de quelque chose.

Et même avant la naissance de sa fille, il savait, dès 1958, quand il chantait, en caressant les cordes de sa guitare :
Ma petite est comme l'eau, elle est comme l’eau vive
Elle court comme un ruisseau, que des enfants poursuivent
Courez, courez vite si vous le pouvez
Jamais, jamais vous ne la rattraperez
Ben si, ils ont fini par l’attraper.
Un jour que sous les roseaux, sommeillait mon eau vive
Vinrent les gars du hameau, pour l’emmener captive
Ce n’étaient pas les gars du hameau, mais la petite n’a pas dit qui.