samedi 9 juillet 2022

Le narratif poutinien, 79. Choses sérieuses

Depuis son fauteuil en majesté, au milieu d’un grand tiers de cercle vide, et face à ses sujets qui l’écoutent en rond (une seule femme, en bleu), le tsar Vladimir premier a fait savoir au monde que « les choses sérieuses » vont commencer maintenant.

Jusqu’à présent, le monde n’a encore rien vu. C’était un lever de rideau, des escarmouches d’opérette, une simulation avec des figurants qui se relevaient après les tirs à blanc et lavaient la sauce tomate qui imitait le sang. Les soldats de l’armée de libération courtisaient avec respect des femmes consentantes.

Mais là, depuis que les spectateurs ont entrepris d’intervenir dans le spectacle pour perturber son bon déroulement, on va voir ce qu’on va voir, de vrais missiles avec de vraies ruines et de vrais morts, des soldats neutralisés et faits prisonniers, en respectant, bien entendu, la Convention de Genève sur les lois de la guerre.

Après les « choses sérieuses » qui occupent en général plusieurs actes de la pièce, peut venir la « catastrophe », le moment au théâtre où tout bascule. Mais le tsar assure qu’on n’est pas encore là. Il suffit que les spectateurs demandent à la victime d’arrêter de se débattre et qu’elle se soumette au bourreau.



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