mercredi 13 mai 2020

Journal insignifiant d’un déconfit né (3)


Avant le Covid, Valéry Giscard d’Estaing n’a pas toujours respecté la distance physique avec les journalistes, en particulier avec les journalistes femmes. À 94 ans, il faut lui expliquer la différence entre les gestes barrières et les gestes bas sur les derrières.

Même après le 11 mai, les journalistes restent en partie confinés. Les directs s’en ressentent. Il y a comme une signature visuelle (le brouillage) et sonore du coronavirus, qui restera.

Le silence entre la question et la réponse, le petit décalage qui donne l’impression que l’interlocuteur marque un temps de réflexion avant de répondre.

Les voix qui se chevauchent. Autour d’une table, on sait qui va parler, à un mouvement de tête, un signe, un doigt qui se lève. Mais à l’aveugle, on se jette en avant, et on butte sur celui qui est parti à la même seconde.

Les journalistes qui coupent la parole. Mais ça, ce n’est pas spécial à la période Covid, même quand ils ont l’invité devant eux, ils lui coupent systématiquement la parole, C’est passionnant, ce que vous dites, on vous écouterait pendant des heures, mais l’émission se termine. Le journaliste n’écoute pas, il regarde le chronomètre. Et quand un auditeur témoigne à contre-courant, on a dû leur apprendre, à l’école de journalisme, à dire sèchement : « On a bien entendu votre colère ; votre message est bien passé. »

S’il vous plaît, dans les écoles de journalisme, est-ce qu’on pourrait apprendre à ne pas répéter la question des auditeurs pour la relayer auprès de l’invité à qui elle s’adresse ? L’auditeur en direct s’est clairement exprimé, les auditeurs ont bien compris la question, mais non, c’est plus fort que lui, le journaliste éprouve le besoin de répéter la question de l’auditeur à l’invité qui l’a parfaitement comprise. Pourquoi, mais pourquoi ?

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