dimanche 5 avril 2020
Journal insignifiant d’un con, finement (15)
La nouvelle fracture linguistique divise la France entre les savants qui disent Covid-19, et ceux qui parlent du Coronavirus, le peuple.
Drastique, drastiquement : rien qu’à la manière d’attaquer le mot, en faisant péter la dentale, on comprend que la situation est grave et que le remède sera sévère.
Tension : synonyme de pénurie, dans un moment où il ne faut pas affoler les citoyens. Exemple : tension sur les masques, tension sur les tests, tension sur les respirateurs. Dans d’autres usages, litote pour conflit : le gouvernement tente de calmer les tensions sociales.
Métaphore topographique : Le pic n’est pas encore atteint, mais la courbe ascendante connaît un ralentissement de sa progression, avant d’atteindre un plateau. Mentalement, on a un peu de mal à visualiser.
Comme les conseillers en communication étaient bien embêtés avec le détournement des premiers de cordée au profit des soignants, ils ont inventé l’image des trois lignes, pour aplatir à l’horizontale une représentation sociale qui risquait d’échapper à l’autorité du pouvoir.
Bombe : il fallait s’attendre à passer d’une guerre classique, avec de la chair à canon et des soldats en première ligne, à une guerre moderne. Il est question désormais de bombe atomique et de bombe à retardement.
En temps de guerre, les gens deviennent grossiers. Xavier Bertrand : l’argent, on s’en fout, qu’on ne nous emmerde pas. Une infirmière réclame des « putains de masques ». Langage de corps de garde. C’est ça, le parler vrai.
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