vendredi 27 décembre 2024

Y a-t-il un conducteur dans le TGV ?

Le tout nouveau ministre des transports, M. Philippe Tabarot, félicite Bruno Rejony, le conducteur du TGV fou qui n’a fait qu’une victime : lui-même. Il aurait pu crasher son train depuis le ciel, comme l’avion de Germanwings, ou donner un coup de volant pour précipiter le convoi dans un fossé ; non, il a laissé le train droit sur ses rails.

D’ordinaire, un suicide sur le lieu de travail interroge sur le mal-être des employés, comme chez Orange. Dans ce cas, on ne peut pas vraiment parler de lieu de travail, puisqu’une cabine de locomotive est mobile. Il faut donc en conclure que ce cheminot actif à la CGT et communiste n’a voulu faire passer aucun message en se suicidant à quelques heures de Noël, quand tout le monde est heureux et veut que le train arrive au plus vite à destination. D’accord avec le ministre, la SNCF exclut donc d’office les raisons professionnelles de l’acte, et ne retient que les problèmes personnels.

Le suicide s’étant produit un 24 décembre, la SNCF ne retiendra qu’une journée sur le salaire du cheminot, pour service volontairement interrompu sans avoir prévenu la direction.

La SNCF déconseille vivement à ses cheminots la lecture de La Bête humaine, le roman d’Émile Zola, qui se termine sur la vision d’un train sans conducteur.

Les cheminots demandent le retour du 2e conducteur sur les machines. Le ministre Tabarot propose plutôt la suppression de l’unique conducteur, au profit de l’automatisation des TGV, comme pour le métro. On n’a encore jamais vu un pilote automatique ouvrir la porte d’une cabine et se jeter sur les voies.




mardi 24 décembre 2024

Mayotte : bilan de 35 morts, plus un

Personne ne savait qui j’étais quand j’étais vivant, et personne ne sait que je suis mort.

Quand on m’a dit de rejoindre l’abri en dur avant la tempête, j’ai su qu’on viendrait me chercher pour me remettre dans un bateau. Je suis resté sous la tôle.

Quand le vent s’est mis à souffler, j’ai compris que les Blancs avaient envoyé des forces plus puissantes que les bulldozers.

Les tôles ont volé comme des tapis, plus tranchantes que le couperet de la guillotine. La tête a roulé jusqu’à la mer, le corps a décollé à la verticale. Il y a finalement peu de victimes. Pour les compter, il faut retrouver les corps.



samedi 21 décembre 2024

La foi en Mayotte

Nous avons été capables de reconstruire Notre-Dame de Paris en quatre ans, Mayotte doit se relever en deux ans. Il faut deux fois moins de temps pour retaper des bidonvilles que pour rebâtir une cathédrale.

François Pinault et Bernard Arnault hésitent à renouveler leurs dons pour le 101e département, même si les sommes versées au titre du mécénat sont toujours déductibles. Ils veulent d’abord obtenir des garanties sur un emplacement stable pour fixer la plaque de marbre où seront gravés leurs noms.

Le Pape François a fait savoir qu’après la reconstruction de Mayotte, il se rendrait dans l’église Notre-Dame-de-Fatima à Mamoudzou, parce que ce n’est pas Notre-Dame de Paris, que ce n’est pas la France, enfin pas tout à fait, pas plus que la Corse, et que les catholiques mahorais manifestent une ferveur populaire comme il l’aime.



dimanche 15 décembre 2024

Cyclone à Mayotte, plus fort que les bulldozers

En avril 2023, Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur et aussi de l’Outre-Mer, a lancé l’opération « Wuambushu » (reprise en main) à Mayotte.

400 maisons de bois et de tôles ont été détruites en quelques mois. C’est un maigre butin par rapport aux 20.000 habitations insalubres estimées dans l’île.

Pour lutter contre l’habitat précaire, Gérard Darmanin a utilisé des moyens de petits bras. Son successeur, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur et aussi de l’Outre-Mer démissionnaire mais pourtant à la manœuvre, a trouvé un allié plus efficace que les bulldozers pour débarrasser l’île de ses bidonvilles : un cyclone qui a tout rasé.

Mais Bruno Retailleau est sur une mauvaise pente : n’a-t-il pas déclaré que tout le monde serait secouru, y compris les migrants en situation irrégulière, pour des raisons humanitaires ?



mardi 10 décembre 2024

Périphrases

Le boucher de Damas
L’abattoir humain de la prison syrienne de Saydnaja
Le maître du Kremlin
Le milliardaire de Mar-a-Lago
Le milliardaire breton
L’homme le plus riche du monde
Le président à la tronçonneuse
L’humoriste (là, il faut traduire, sinon personne ne reconnaîtra Pierre Palmade)




lundi 9 décembre 2024

Le narratif poutinien, 166

Le tsar Vladimir 1er a suivi la messe de réouverture de Notre-Dame de Paris, où il n’était pas invité, mais où il entrera quand l’hymne russe retentira sous la voûte, joué par les grandes orgues, après la chute de la France et de tout l’Occident.

Le bouffon ukrainien a été touché par la grâce, au point de reconnaître enfin que « la paix par la force est possible ». C’est la première fois qu’il fait preuve de bon sens en reconnaissant sa faiblesse et en se soumettant à la puissance.

La Grande Russie vient encore de témoigner de sa magnanimité en donnant asile à Bachar al-Assad « pour des raisons humanitaires » : l’infortuné président, ophtalmologue de formation, a souffert d’aveuglement. Il remercie le tsar d’accueillir les hommes forts comme lui injustement méconnus par un peuple ingrat. Quand Bachar aura reconquis la Syrie, le tsar pourra compter sur lui pour lui offrir pareillement le gîte et le couvert.



mercredi 4 décembre 2024

L’air de rien

Un tour de France des grands débats avec les Gilets jaunes. Tout ça pour rien.

La parenthèse enchantée des Jeux Olympiques, qui se referme sur rien.

Cinq panthéonisations, le plus grand panthéonisateur de l’histoire, Simone Veil, Maurice Genevoix, Joséphine Backer, Missak Manouchian, bientôt Marc Bloch, cinq fois « Entre ici Jean Moulin », et l’écho ne répond rien.

Un long parcours mémoriel sur le théâtre des Batailles pour le centenaire de la fin de la Grande Guerre, et tous ces morts pour rien.

De longs discours pathétiques, psalmodiés avec un savoir-faire d’acteur, pour rendre hommage à Johnny Hallyday, Jean d’Ormesson, Charles Aznavour, Valéry Giscard d’Estaing, Jean-Paul Belmondo, Jacques Delors, Robert Badinter, il aurait bien fait aussi Alain Delon mais il n’a pas voulu, tant de discours de funérailles, ce qu’il aura fait de mieux.

Notre-Dame de Paris reconstruite en cinq ans, de ses propres mains, ses travaux d’Hercule, et le Pape qui ne vient même pas.

Tant de grandeur, de culte de héros, pour des Français qui ne le méritaient pas, ces « gens qui ne sont rien ».