Ali fils d’Omar

Omar a eu beaucoup d’enfants, 53 ou 54, on ne sait pas bien, et lui non plus, en 53 ans de vie procréative, c’est-à-dire une moyenne exacte d’un par an, si l’on considère qu’il a été fécondant jusqu’à sa mort. Comme sa famille dépasse le nombre de ministres, le père a dû créer de nouveaux postes officiels pour placer tout son monde. L’aînée étant par malheur une fille, c’est le second, Ali, qui a pris la succession de son père, après 41 ans de bons et loyaux services.

On dit que l’aînée frustrée s’est vengée en tirant les fils de marionnettes militaires pour renverser son frère du trône. Une photo des chefs montre uniquement des hommes peu souriants et d’allure assez virile. La parité ne semble pas respectée à la tête du pays, pas plus que la diversité, alors que le frère Ali posait sur les photos de sa victoire avec une épouse blanche.

Montesquieu n’avait pas prévu qu’un peuple en liesse pourrait se réjouir que des putschistes en habits kaki l’aient délivré d’un régime démocratique corrompu.

À la radio, un journaliste dit que les institutions sont maintenant dissolues. Finalement, il n’a pas tout à fait tort d’utiliser un mot pour un autre.

Omar et Ali ont accumulé des biens mal acquis un peu partout dans le monde, surtout à Paris, et particulièrement quai Malaquais.