mercredi 20 septembre 2017

Quai des livres


Il y a une dizaine d’années, j’ai vu sur ces quais un particulier qui vendait des livres semblables à ceux de ma bibliothèque professionnelle. Comment pouvait-on ? C’était comme une profanation, un prêtre qui vendrait sa soutane, le saint-ciboire et les hosties. Aujourd’hui, c’est moi qui suis à sa place, bradant ce qui déborde des étagères, en vitrine.

On vend quand même les livres qu’on n’aime pas, ou plus, et on s’entend dire : Prenez et lisez, vous verrez, vous ne regretterez pas.

Certains acheteurs monomaniaques à la recherche d’un seul livre font tous les stands et posent la même question. J’en ai eu quatre :
— Avez-vous des livres sur le sport, le cyclisme en particulier ?
— Non, ce n’est pas mon rayon.
L’homme en quête salue d’un sourire à retardement le jeu de mots — involontaire.
— Je cherche un livre sur André Citroën.
— Un livre sur le scrabble ?
Devant mon air incrédule, Antoine croit utile de me préciser qu’il s’agit d’un jeu de société, consistant à assembler des lettres tirées au hasard pour faire des mots, et c’est celui qui…
Une dame propre sur elle, BCBGBQ (beaux quartiers) :
— Par hasard, vous n’auriez pas Mein Kampf ?
Et elle se sauve sans demander son reste, comme si elle avait dit un gros mot à la messe.

Les meilleurs clients sont les fous, les collectionneurs compulsifs, ceux qui achètent et ne lisent pas.

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