Philippe Sollers est mort. On le croyait immortel, même
si on ne trouvait pas son nom parmi les 40 académiciens. On ne lui donnait
pas d’âge : il avait conservé l’impétuosité d’un jeune auteur resté sur le
Seuil, malgré son transfert chez Gallimard. Sa mort nous rappelle opportunément
qu’il était encore vivant, quoiqu’on ne l’entendît plus dans les médias, soit
qu’il les boudât, soit qu’ils ne l’invitassent plus, ou les deux.
Son historien, biographe et hagiographe, Philippe
aussi mais Forest, lui consacre un article nécrologique dans Le Monde du
6 mai 2023. En général, on dit du bien des morts. Philippe Forest en
disait déjà beaucoup de son vivant.
On apprend ainsi que le latin « sollers »
signifie « tout entier art ». Le Gaffiot donne plutôt « habile,
adroit ».
On lit aussi : « Alors que se met en
place la contemporaine “société du spectacle” qu’il dénonce pour la
nouvelle forme de tyrannie dont elle est solidaire, Sollers apparaît comme l’un
des rares authentiques écrivains dont la notoriété dépasse le cercle de plus en
plus restreint des amateurs de vraie littérature. Il intervient à la télévision
ou dans la presse. » Comment résister aux sollicitations de la télé pour
aller y dénoncer la société du spectacle ?
Son biographe dit encore : « Jusqu’au
bout, Sollers n’a jamais cessé d’écrire. La liste est longue des romans qu’il a
signés. Ils restent à lire. » Effectivement, c’est ce qui leur reste à
faire.
« Il sera enterré dans une stricte
intimité familiale à Ars-en-Ré (Charente-Maritime). Selon sa volonté, une messe
catholique sera célébrée. » La messe sera dite, comme pour ces vieux
libertins qui se confessent sur leur lit de mort pour gagner le Paradis.
C’est un homme qui, par sa longévité, aurait
mérité l’Académie française, et la publication, de son vivant, de ses Œuvres complètes dans le Panthéon des
Lettres, la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade, en dix volumes sur papier
bible regroupant ses quatre-vingts livres, par ordre chronologique, édition établie, annotée et préfacée par Philippe Forest.
1 commentaire:
Bel hommage !
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