samedi 12 juin 2021

Joue et parle

Alors qu’elle venait de se qualifier pour le deuxième tour à Roland-Garros, la joueuse de tennis Naomi Osaka a préféré abandonner le tournoi plutôt que de répondre aux journalistes.

À cette occasion, beaucoup ont appris que la séance de questions après le match faisait partie des « obligations médiatiques contractuelles », sous peine d’une amende de 12 300 euros, et en cas de récidive, de « futures suspensions en Grand Chelem ». Sur un court, on peut hurler comme cette mauvaise tête de John McEnroe ou la bûcheronne Monica Seles, mais il est interdit de se taire devant les micros quand on en sort.

Les journalistes commentent la fragilité mentale de la championne ; personne pour dénoncer la bêtise du règlement, l’assujettissement économique des champions et la complicité tyrannique des médias sportifs.

Naomi Osaka a justifié ainsi sa décision : « Souvent, on nous pose des questions qu’on nous a déjà posées de nombreuses fois ou des questions qui nous font douter et je ne vais pas me soumettre à des personnes qui doutent de moi. » Vérification faite, la traduction des propos de la numéro 2 mondiale ont été légèrement déformés. Elle a dit, littéralement : « Souvent, on nous pose des questions tellement connes qu’on se demande pourquoi avoir fait tant d’efforts sur le court et je ne vais pas me soumettre à des personnes qui me fatiguent encore plus que de taper dans la balle. »

Pour la même raison, Elena Ferrante, l’une des meilleures romancières mondiales, a été contrainte de poser la plume, sanctionnée par les instances internationales de la Littérature, qui imposent aux écrivains de venir parler de leurs livres après les avoir écrits.

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