mardi 23 juillet 2019

Greta Thunberg


Elle ne dit pas « je » mais « nous ». Elle ne donne pas son opinion, ses idées, elle parle au nom de la science, des scientifiques, de la vérité objective. Elle prend les choses au sérieux, au tragique. C’est l’anti-Pape François, qui disait : « N’ayez pas peur. » On ne savait pas de quoi il fallait ne pas avoir peur. Elle dit, au contraire : ayez peur, paniquez, l’heure est grave. Elle sourit rarement, son visage est presque impassible, sa bouche est de travers quand elle parle. Ses yeux sont souvent fixes, un peu hagards. Elle ne cherche pas à séduire. C’est l’anti-Lolita absolue, à l’âge où les filles sont hypersexualisées. Elle ne se met pas en frais, avec sa raie approximativement au milieu, ses nattes d’un autre temps et ses habits sans marque. Elle n’a pas la mièvrerie de l’enfance ni les manières de la jeune fille. Elle n’outre pas ses effets, parle avec calme, d’une voix posée, en déroulant ses phrases avec une implacable nécessité : elle laisse parler à travers elle une vérité qui la dépasse. Avec juste l’humour suffisant pour montrer qu’elle n’attaque pas mais qu’elle sait se défendre.

On la dit autiste asperger. Mais le monde existe pour elle et elle voudrait le sauver. Les autres existent : elle s’adresse constamment à eux. Elle a transformé sa raideur en rigueur. Que la vérité sorte de la bouche d’une adolescente « différente », accrochons-nous à cet espoir, si les adultes « normaux » ne sont ni audibles ni efficaces.

Aucun commentaire: