Paroles de
journalistes :
Les Gilets jaunes se sont élancés.
Pour l’instant, tout se passe dans le calme (variante :
dans un climat bon enfant).
Entre les manifestants et les policiers, c’est le jeu du
chat et de la souris (vieux : du gendarme et du voleur).
La situation se tend, la situation est tendue.
« La dispersion est difficile parce qu’il y a des
provinciaux qui ne connaissent pas forcément bien Paris » (BFMTV, acte
XV).
Les manifestants étonnent une marseillaise.
Il en faudrait sans doute plus. Mais il est étonnant, en effet,
que la Marseillaise ait remplacé l’Internationale, dans les luttes. C’est une
révolte franco-française, au nom des valeurs de la République, les drapeaux
bleus blancs rouges sont brandis ou servent de capes, les slogans s’écrivent
souvent en suivant les trois couleurs.
Chaîne d’info en continu cherche des experts (m/f, femmes
souhaitées car on a du mal à faire un plateau à parité) prêts à dire que le
phénomène des Gilets jaunes échappe à leur grille d’expertise.
Ils marchent, ils marchent, ce n’est pas pour aller s’immobiliser
sur les bancs d’une Assemblée. Ils regardent devant eux, et on voudrait qu’ils
lèvent les yeux vers un Chef.
Le système néolibéral a pulvérisé la société en autant de
consommateurs personnalisés qu’il y a d’individus physiques. Et on voudrait que
ces sujets renoncent désormais à leur moi-je pour déléguer leur voix à un
porte-parole et aliéner leur vote à des représentants. Les politiques sont
restés à l’âge où l’on faisait crier les décisions par les gardes-champêtres
devant les sujets en cercle, alors que les réseaux sociaux ont supprimé le
centre, le point haut de la pyramide et le premier de cordée.
Pendant la période des manifestations des GJ, les
statistiques à venir remarqueront que les suicides étaient en baisse.
Le
Cacatov a été inventé sur le modèle du cocktail Molotov : à la
portée de tous, pas cher, biodégradable, très efficace comme engin de
désencerclement, pour repousser l’ennemi. Flaubert avait inventé (ou trouvé
dans les sources antiques) de telles munitions : « Un redoublement de
fureur animait les Barbares. […] Ils imaginèrent de mettre dans les catapultes
des vases pleins de serpents apportés par les Nègres […] ; ils lançaient
toutes sortes d’immondices, des excréments humains, des morceaux de charogne, des
cadavres. La peste reparut » (Salammbô, chap. XIII, « Moloch »).
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