vendredi 30 décembre 2016

Actualité, mauvaises pensées II


La CIA a tenté d’assassiner Fidel Castro 638 fois. Des amateurs.

Fumer tue, mais fumer le cigare conserve : Churchill, Castro.

Voici des films engagés qui ne laissent pas indifférents : La loi du marché, Merci patron, Moi Daniel Blake. On en sort émus aux larmes, révoltés, et on se dit : « Ça ne peut plus durer comme ça, c’est insupportable. » Et le lendemain, après une bonne nuit, s’il arrive qu’on y repense : « Oui, mais qu’est-ce que je peux faire, à mon niveau ? » On continuera à supporter, jusqu’au prochain Ken Loach. Mais il se fait vieux.

lundi 26 décembre 2016

Actualité, mauvaises pensées


Les boîtes noires diront peut-être si la Chœur de l’Armée rouge a chanté jusqu’au dernier moment, comme l’orchestre du Titanic.

Le médecin de Michel Polnareff a vu ses fesses (comme nous, en 1972), et aussi ses yeux sans lunettes (mais nous, toujours pas).

Le missile appelle un antimissile, l’antimissile un bouclier antimissile, et le bouclier antimissile un supermissile capable de le perforer. Les alpinistes n’ont pas encore atteint le sommet de leur escalade.

Triste ETA(T) : rien ne ressemble plus à un terroriste lourdement armé qu’un militant pacifiste venu détruire son arsenal : tous les deux sont trouvés en possession d’armes.

mardi 20 décembre 2016

Christine Lagarde


En décrivant les cheveux de Christine Lagarde, Balzac aurait pu refaire le portrait du père Grandet : ils sont argentés.

Quand il a lu le jugement de la Cour d’Injustice de la République concernant la Présidente du FMI, son prédécesseur DSK a protesté que lui aussi pouvait se prévaloir d’une « réputation nationale et internationale » pour éviter la condamnation.

Christine Lagarde, c’est bien elle qui a inventé l’expression de « croissance négative » et qui a émis l’idée d’organiser des soldes toute l’année pour juguler la crise économique ? Tout s’explique.

lundi 12 décembre 2016

Automne


La troisième saison inspire, plus que le printemps (trop précoce), plus que l’été (trop violent), et plus que l’hiver (quatrième âge).

Automne / monotone : rime pour l’oreille et pour le sens.

Quand on est jeune, on se récite du Chateaubriand (« au sourd mugissement de l’automne »), du Baudelaire (« C’était hier l’été, voici l’automne »), du Verlaine (« Les sanglots longs »), de l’Apollinaire (« Mon automne éternel, ô ma saison mentale »). Et puis, il arrive un âge où l’on prend garde de ne pas glisser sur les feuilles mortes.

« Les feuilles mortes se ramassent à la pelle. » Mon voisin objecte qu’on ne ramasse pas les feuilles mortes avec une pelle, mais avec un râteau ou un souffleur-aspirateur. Prosaïquement, il n’a pas tort, mais comme il débite des sottises à la pelle, je me dis qu’au figuré, il n’a peut-être pas raison.

L’exposition « Spectaculaire Second Empire », au Musée d’Orsay, se termine par un tableau de James Tissot intitulé L’impératrice Eugénie et le prince impérial dans le parc de Camden Place. La fête impériale est terminée, l’Empereur est mort, la veuve et son fils posent, en exil, dans un parc saturé d’automne, où tout est couleur de rouille, les feuilles restées sur les branches, les feuilles au sol, et même ce tapis de salon, couleur rouille aussi, absurdement déroulé sur le tapis de feuilles pour protéger les pieds impériaux, le tout baigné dans la mélancolie douce d’une fin d’époque.

mardi 6 décembre 2016

Ceci n’est pas de la peinture


Ce n’est pas parce qu’il est Belge que Magritte peut se croire autorisé à mettre en doute la vertu des pipes.

Rien de moins imaginatif qu’une toile imaginaire de Magritte. Il a trouvé un procédé, et il l’applique mécaniquement. Il a voulu être intelligent et ça se voit un peu trop. On sent le peintre pompier qui lèche sa toile, sans sortir de chez lui.

Sur le dépliant de l’exposition (Magritte, la trahison des images, Beaubourg, 2016-2017), il est fait l’éloge du peintre qui n’a cessé de « digresser picturalement ». On aurait préféré qu’il se consacrât à dégraisser picturalement.

vendredi 2 décembre 2016

Moi, non président


En annonçant son suicide politique en direct, le Président s’offre le plaisir rare d’entendre de son vivant toutes les paroles hypocrites qu’on réserve en général pour les oraisons funèbres. Mais comme il n’est pas encore tout à fait mort, les ennemis continuent à tirer sur l’ambulance.

Pendant cinq mois, le Président va continuer à régner, à titre posthume.

« D’une voix blanche », disent les commentateurs. C’était plutôt la chemise.

On ne peut tout à fait exclure un scénario-surprise : de décembre à mai, François Hollande, libéré des contraintes, va montrer de quoi il aurait été capable s’il avait été un vrai Président de gauche. Du coup, le moral des ménages remonte, l’économie repart à la hausse, le chômage à la baisse, et la cote de popularité atteint des sommets. Cédant à la pression du peuple, le Président peut-il faire autrement que revenir sur sa décision ?