lundi 24 octobre 2016

Politique, mauvaises pensées


Ce ne sont pas les terroristes qui ont inventé le téléphone qui explose, mais un grand groupe industriel.

Un homme politique en campagne termine sa présentation en parlant de ses cicatrices. C’est inattendu, et pas mal pensé : on sent le vieux soldat aguerri, l’homme d’expérience, les blessures guéries, le souvenir des souffrances passées qui ne laissent pas de ressentiment. Les plaies eussent provoqué du dégoût et de la pitié. Les cicatrices suscitent l’admiration et le respect.

Un policier manifestant et un journaliste :
— Maintenant, il faut que la peur change de camp.
— Alors, vous avez peur ?
— Non ! Enfin, oui.

Lobbies : comment sont-ils encore autorisés ? Au Parlement européen : 3.000 lobbies, 20.000 lobbyistes pour 15.000 fonctionnaires.

Pas un journaliste bien informé, pas un lexicographe pour expliquer, après la déclaration de Jean-Frédéric Poisson, que « sioniste », dans l’expression « lobby sioniste », a un sens politique, idéologique et religieux, et non racial.

dimanche 23 octobre 2016

Contradictions politiques


Un bon flic. « J’ai embrassé un flic », celui qui, dans la chanson, rime avec sympathique et pacifique, le flic tombé le jour de Charlie, le flic qui protège. Mais c’est le même qu’on a envoyé dans les défilés contre la loi travail. Alors, forcément, flic s’est remis à rimer avec trique, et le bon flic des slogans n’est pas un flic vivant. Foutue loi travail, qui a fatigué la police en la séparant du peuple.

Se désoler de la dépolitisation de ceux qui ne vont plus voter, et tourner en dérision Nuit debout.

Souhaiter la disparition des syndicats (ne représentent plus rien, bloquent les réformes, rendent la France ingouvernable, prennent les Français en otage, etc.), et les convoquer dès qu’ils sont débordés par leur base, dans les conflits durs, en se plaignant qu’ils ne contrôlent plus les travailleurs.

samedi 22 octobre 2016

Plus léger


Dernier message envoyé par la sonde Rosetta, vingt secondes avant de s’écraser sur la comète Tchouri : à quoi ça sert de m’avoir envoyé dans le cosmos, si c’est pour m’y suicider ?

Il commençait toutes ses phrases par C’est vrai que, et il les terminait par voilà, voilà. Mais , on ne voyait rien. Quant à savoir si c’était vrai...

Le vieux disait que le soleil éclairait moins, à mesure que sa vue baissait.

mercredi 5 octobre 2016

Politique, façons de dire, manières de penser


Slogan à la mode : faire France, faire société. La banalité du verbe d’action, la suppression de l’article, le télescopage du verbe et du nom donnent l’illusion de l’agrégat immédiat, du collectif consensuel. Mais ce slogan a l’inconvénient de faire slogan.

La langue politique connaît de grandes turbulences sémantiques, surtout en période électorale. La confusion ne résulte pas seulement des mots qu’on peut retourner en sens contraire : progrès, libéralisme, réforme, etc. Elle tient aussi à la manipulation de quelques procédés rhétoriques par oubli du contexte :
— confondre le virtuel et le factuel. Juppé parle d’« identité heureuse » comme d’un idéal à construire. Son adversaire feint de croire qu’il décrit un état présent, et lui oppose l’« identité malheureuse » de nos concitoyens.
— prendre le sens propre pour le figuré, et inversement. Sarkozy exige que les étrangers assimilés récitent leur histoire en commençant par « nos ancêtres les Gaulois ». On ose espérer qu’il entend cette profession de foi au sens dérivé d’une communion dans les valeurs de la République française, c’est-à-dire gauloise comme un coq. Mais il a martelé cette formule avec une telle assurance sans distance qu’on s’est demandé s’il ne la prenait pas lui-même au sens littéral.
— glisser d’une connotation à une autre. Bruno Le Maire aurait utilisé l’expression « nos femmes ». Le déterminant est sans doute maladroit, avec ce pluriel et cette marque de possession, mais au lieu de crier au paternalisme sexiste, il aurait été plus subtil de faire la distinction entre le « nos » de propriété et le « nos » affectif, celui qu’on entend dans La Marseillaise, par exemple.

dimanche 2 octobre 2016

Politique


Politique fiction. À la tête de l’État, on a raté de grands hommes, qui sont souvent des femmes, en particulier Simone Veil. Ou Martine Aubry, dont un humoriste a pu dire qu’elle avait tout de son père, les couilles en plus. On rêve de journalistes conditionnels qui écriraient une histoire contre-factuelle de la France : Rocard au lieu de Mitterrand, Veil au lieu de Chirac, Royal au lieu de Sarkozy, Aubry au lieu de Hollande, etc.

Déclaration de Warren Buffet, le 25 mai 2005 : il existe « bel et bien une guerre des classes mais c’est ma classe, la classe des riches qui fait la guerre et c’est nous qui gagnons ». Triple affirmation décisive : que la guerre des classes existe alors que les possédants la nient ; que la guerre est menée par les riches alors qu’on la croyait déclarée par les prolétaires contre les exploiteurs ; que les riches gagnent et que le Grand Soir leur appartient, ainsi que les lendemains qui chantent. De quoi désespérer Billancourt, s’il y avait encore un Billancourt.

Plus le candidat apparaissait corrompu, menteur, cynique, et plus le peuple l’applaudissait, le trouvant très fort, plébiscitant son pouvoir de résister à la pression des affaires en défiant la justice, la presse, l’opinion.

La seule bonne nouvelle du matin vient du commerce mondial : les ventes d’armes et d’avions de combat sont à la hausse. Même les pays réputés mauvais réussissent à placer leurs modèles. Les ministres, les patrons, les actionnaires, les ouvriers ont signé une déclaration commune dans laquelle ils se félicitent de la tournure des événements : l’usine était menacée par une restructuration déstructurante.

Pendant son règne, le grand homme faisait et défaisait les élections ; dans son grand âge, il continuait à dire pour qui voter. Le voilà mort, et rien n’a changé : il départage les héritiers.